Le 9 octobre 2025, à Meknès, le Réseau international FAR a célébré ses 20 ans d’existence. Une journée pour retracer le passé et interroger le futur du réseau. Rassemblant une soixantaine de participants (membres fondateurs, partenaires historiques, représentants institutionnels et membres de la gouvernance actuelle), cette journée d’hommage, de transmission et de perspective a permis de revenir sur 20 ans d’engagement collectif pour la formation agricole et rurale.


De gauche à droite : Khalid Belarbi, directeur exécutif ; Abdoulaye Yéyé, président ; Khadidja Dambao, vice-présidente ; Ousseini Hamadou, représentant Niger ; Mustapha Lamrani, vice-président
Aux origines : l’intuition fondatrice d’un réseau international
Les premiers jalons du Réseau FAR ont été posés à la fin des années 1990, autour d’une idée simple mais ambitieuse : renforcer les capacités de formation en milieu rural pour accompagner le changement.
Martin Weiss, témoin de cette genèse, a rappelé l’importance de figures fondatrices comme Alain Maragnani, à qui un hommage appuyé a été rendu :
Alain Maragnani disait « Il faudrait développer l’ingénierie des dispositifs de formation« . C’est cette idée qui a tout déclenché.
L’aventure collective prend forme en 2005 à Ouagadougou, lors d’un séminaire qui réunit la Banque mondiale, la FAO et de nombreux pays africains autour de la formation de masse en milieu rural. De ces échanges naît ce que Martin Weiss appelle aujourd’hui « la Bible du Réseau » – un texte fondateur articulé autour de 7 actions clés pour renforcer les capacités et lutter contre la pauvreté.
« Ce qu’il ne faut surtout pas arrêter, c’est le plaidoyer », conclut Martin Weiss, appelant à poursuivre cet engagement collectif.
Des trajectoires humaines et professionnelles marquantes
La journée a également permis de revisiter l’histoire du Réseau à travers les parcours de ses acteurs.
Pour Francine Rasolofonirina (Madagascar), engagée depuis 2005 :
« J’étais très jeune, sans réelle connaissance de la FAR. C’est grâce au réseau que j’ai pu monter en compétences. »
De nombreux témoignages ont souligné la dimension formatrice du réseau lui-même.
Pierre Blaise Ango (Cameroun), président du Réseau FAR de 2012 à 2023, s’en amuse :
J’ai été affecté à la formation agricole comme une sanction par le Ministère ! Mais c’est le Réseau FAR qui m’a tout appris. Je suis le produit du réseau.
Il a aussi rappelé combien le Réseau FAR a été un laboratoire :
Au début, je venais pour résoudre mes propres problèmes… Et j’ai appris à devenir président. Il faut un battement de cœur pour rester dans le réseau.
20 ans de partenariats, d’apprentissage et d’impacts
Depuis ses débuts, le Réseau FAR s’est appuyé sur des partenariats solides, notamment avec l’Institut Agro et l’AFD.

Betty Wampfler (Institut Agro) a rappelé le rôle central de la formation :
La recherche est essentielle, mais elle ne suffit pas à transformer le monde. La formation est un magnifique outil de transformation.
Des initiatives comme le Master MIFAR ou encore les projets d’établissements témoignent de cette capacité à relier formation, recherche et développement.
Regards croisés et perspectives d’avenir
Les discussions ont ensuite porté sur le futur du Réseau. Christian Fusillier a rappelé la nécessité d’un réseau raisonnable dans ses ambitions mais ancré dans la réalité des besoins :
Le réseau, c’est avant tout une mise en lien d’informations, de compétences et d’hommes.
Plusieurs intervenants, dont Mustapha Lamrani (Maroc), Khemaies Zayani (Tunisie) ou Souleymane Sarr (Sénégal), ont insisté sur les priorités :
- renforcer la transversalité et la mobilité entre pays,
- renforcer la formation de formateurs,
- valoriser les travaux de recherche et d’innovation,
- et explorer de nouveaux financements internationaux (Erasmus+, coopérations bilatérales, etc.).
Pour Khadidja Dambao, vice-présidente, « le défi à venir, c’est la pérennisation du Réseau FAR et l’implication des jeunes générations ».
Enfin, Anne Panel (Fert) a encouragé à poursuivre le travail de mesure d’impact :
Plus on démontre l’impact du réseau, plus on peut espérer de nouveaux financements.
Un réseau vivant, tourné vers l’avenir
En clôture, les participants ont souligné que le Réseau FAR, désormais adulte (ou toujours adolescent ?), conserve son esprit pionnier : un espace collectif de réflexion, d’action et d’innovations au service des transitions agricoles et rurales.
Vingt ans après Ouagadougou, la flamme du militantisme et du partage est toujours là.
Il faut que l’aventure continue.
Les 20 ans du réseau en images
Les 20 ans du réseau en poésie
POUR SES 20 ANS, LE RÉSEAU FAR RÉSONNE
Le Réseau FAR résonne sous le pas des femmes et des hommes
Il s’amplifie se déploie, se déplie dans 19 pays
Il diffuse les idées de l’agroécologie, de l’agroforesterie
Le Réseau FAR résonne sous le pas des femmes et des hommes
Il se glisse, s’immisce, se mélange, oublie les genres
Il développe les compétences, varie, fluctue en fonction des gouvernances
Le Réseau FAR résonne sous le pas des femmes et des hommes
De l’Afrique de l’ouest à l’Afrique Centrale
Il court, progresse, véhicule ses idées générales, fondamentales, vitales
Des campagnes aux villes à la scène
Que vibre les savoirs endogènes
Le Réseau FAR résonne sous le pas des femmes et des hommes
Il vibre à l’unisson
Il vit, veille, toujours en éveil
Au réseau et à l’agroécologie, je dis longue vie !!
WillyGex / www.willygex.com