Bénin / Retours sur le voyage d’étude au Cameroun

Après un premier voyage d’étude en France début novembre 2022, la délégation béninoise en charge de la réforme de la formation agricole poursuit sa mission de benchmarking. Un deuxième voyage d’étude au Cameroun du 20 au 23 mars 2023 a été organisé avec le soutien du Réseau FAR pour capitaliser des expériences de dispositifs apparentés à l’initiative des UEVP (Unité Économique à Vocation Pédagogique).

Réformer la formation agricole au Bénin

La mission s’inscrit dans le cadre des réformes actuelles dans le secteur de la formation agricole pour répondre aux attentes du Bénin de disposer d’une masse importante de compétences techniques et professionnelles nécessaires pour le développement socio-économique et ce, dans une parfaite synergie avec les réformes institutionnelles engagées au niveau du secteur agricole à travers notamment la création des Pôles de Développement Agricoles (PDA).

Le Gouvernement a entrepris l’élargissement de l’accès à la formation agricole avec la construction / réhabilitation de 30 Lycées Technique Agricoles fonctionnels dès la rentrée 2025. Ces lycées techniques agricoles (LTA) de type nouveau seront mis en place dans le cadre du « Programme de Développement de la Formation Agricole et Rurale ». Chaque LTA sera développé autour de 2 dispositifs intimement liés et indissociables :

• une Division enseignement installée sur un domaine de 50 hectares, cadre des formations théoriques ainsi que des initiations pratiques conférant aux apprenants les bases du métier d’exploitant agricole (et à un autre niveau des techniciens supérieurs des métiers agricoles), espace abritant les infrastructures administratives, d’intendance et pédagogiques avec des ateliers didactisés pour les initiations ;
• une Unité Économique à Vocation Pédagogique (UEVP), à dimensionner progressivement sur une superficie de 1000 ha pour la professionnalisation et la modélisation de la réalité de l’entreprise agricole orientée vers la rentabilité, les revenus générés devant venir en appui au fonctionnement global du LTA. L’UEVP est pensée aussi comme une plateforme d’opportunités de formations continues, de développement de services aux acteurs du territoire.

Le modèle économique de l’UEVP est en construction et devra capitaliser les expériences apparentées et pertinentes d’autres pays dont les systèmes éducatifs ont véritablement contribué à l’émergence d’une agriculture moderne, cohérente avec le respect des dimensions environnementales et sociales des territoires concernés. Dans ce sens une mission de benchmarking a été organisée en France du 5 au 12 novembre 2022 avec le soutien du Réseau International de la Formation Agricole et Rurale (RIFAR) de même qu’une deuxième complémentaire au Cameroun afin d’accroître les facteurs de réussite de l’initiative des UEVP intimement intégrées aux LTA. Le présent rapport rend compte de la mission de benchmarking des Unités Economiques à Vocation Pédagogique (UEVP) d’établissements d’enseignement et de formation professionnels agricoles au Cameroun

Retours sur la mission

A l’instar du benchmarking en France, la mission a eu pour objet la capitalisation des expériences pertinentes de dispositifs apparentés à l’initiative des UEVP afin de mieux objectiver les options à privilégier et de prévenir les risques au regard de l’importance des investissements à réaliser.

Il s’agira pour les membres de la mission en complément des acquis de la mission en France, de :

• avoir une vue d’ensemble du système éducatif camerounais et une connaissance approfondie de l’organisation du sous-secteur de la formation agricole et rurale ;
• visiter des lycées / institutions de formation agricole et rurale et cerner leur organisation, modèle de gestion administrative et pédagogique (mise en œuvre des projets d’établissement, formation théorique, formation pratique et de professionnalisation) ;
• s’informer sur les modèles de gestion des exploitations (centres de pratiques des lycées / institutions de formation agricole) et leur contribution à la formation des apprenants ;
• recueillir des informations sur les stratégies d’intégration territoriale réussie des structures de formation et leur participation au développement local ;
• comprendre le rôle des structures de formation agricole dans l’animation territoriale et leurs relations avec les entreprises / exploitations / acteurs du milieu ;
• s’informer sur le dispositif de formation des formateurs et autres encadreurs des apprenants ;
• s’informer sur le modèle de financement des structures de formation agricole avec les enjeux d’investissement, de maintenance et de renouvellement des installations et équipements.

Les deux institutions de formation qui ont fait objet de visite sont :

• l’Institut Agricole d’Obala, et
• le Collège Régional d’Agriculture d’Ebolowa)

Analyse des acquis de la mission au service du modèle “UEVP”

Il est apparu relativement à ces missions que :

• les exploitations sont à l’aise dans la production et développent des offres pour assurer leur équilibre financier, la rentabilité attendue d’une exploitation n’étant pas implicitement l’objectif primordial, mais le soutien pédagogique. Le modèle de financement (infrastructures et équipements) porté par le financement public n’impose pas des contraintes d’amortissement par des exploitations/lycées comme on le souhaite pour les UEVP ;
• les exploitations sont dans la dynamique pédagogique globale du lycée mais parfois, la synergie nécessaire entre les directeurs d’exploitation et les enseignants n’est pas systématique. Les stages en milieu professionnel compensent certes le déficit de pratique sur les exploitations et on pourrait s’interroger sur les contraintes de la dimension pédagogique des exploitations quant à leur rentabilité dans la mesure où des fermes agricoles offrent des soutiens à la formation (stages) tout en garantissant leur rentabilité ;
• les apprenants ont souvent la possibilité de participer aux travaux de l’exploitation agricole comme support pédagogique tout en distinguant dans un certain nombre de cas des parcelles ou productions dédiées aux apprentissage et d’autres où les apprenants n’interviennent pas en raison de la délicatesse et de la sensibilité de certaines opérations pour lesquelles des gestes techniques sensibles mal posés pourraient mettre en péril la production (exemple insémination artificielle, certains semis etc …) ;
• les modèles d’animation du territoire ont été très appréciées avec l’initiative des modèles d’adaptation local qui induisent une forte immersion des apprenants dans la communauté et l’apprentissage de la culture locale.