Burkina Faso / 30 producteurs et productrices formés à l’agroécologie
La Confédération Paysanne du Faso (CPF), l’Institut de Recherche en Science Appliquées et Technologie (IRSAT) et l’ONG Autre Terre ont formé pendant 5 jours en mai dernier 30 producteurs et productrices aux pratiques agroécologiques, eux-mêmes invités à partager leurs connaissances avec leurs pairs. Un bel exemple d’initiatives multi-acteurs associant l’agriculture paysanne et la recherche. Retours d’expériences en images et témoignages des formé.e.s, par notre envoyé spécial Valentin Kouraogo, point focal animation du Réseau FAR.
Le Burkina Faso pays sahélien souffre particulièrement de la dégradation de ses terres (31% du territoire nationale) avec une utilisation croissante des pesticides (11% par an) surtout non homologués. En réponse à ces préoccupations et dans la dynamique de la nouvelle stratégie nationale d’agroécologie en gestation au Burkina, la Confédération Paysanne du Faso (CPF) qui occupe la présidence du Réseau FAR Burkina, l’Institut de Recherche en Science Appliquées et Technologie (IRSAT) et l’ONG Autre Terre proposent dans le cadre du projet agro-éco, un programme de diffusion des pratiques agroécologiques axées sur les bio-intrants pour contribuer à un effet d’amplification dans quelques zones d’intervention.
Une formation pratique aux techniques de fabrication et utilisation de biofertilisants
Une formation à l’intention de 30 producteurs dont 11 femmes issues des Régions du Centre Nord, du Plateau Central, du Nord et du Centre-Ouest a été organisée dans le village de Roumtenga à 20 km de Ouagadougou dans le centre Agroécologique Beog Neere. Débuté le 16 Mai et pendant 5 jours, les producteurs et productrices ont été formés sur le concept de l’agroécologie, sur les techniques de fabrication et d’utilisation de trois biofertilisants à savoir les Phosphites, le Bokashi et la production des microorganismes :
- sur les techniques de fabrication et à l’utilisation de trois bio pesticides à savoir le bouillon de cendre, le mélange d’ail, piment, poivre et la bouillie bordelaise ;
- sur les système d’association et de rotation des cultures.
Le dernier jour de la formation, les producteurs accompagnés des initiateurs ont effectué une sortie dans une ferme modèle de l’ONG APIL dans le village de Nakamtenga dans la région du plateau centrale à une quarantaine de kilomètre de Ouagadougou. Avant la visite les participants ont été reçus par le coordonnateur de l’ONG APIL Mr Ouedraogo Abdoulaye au siège de l’ONG à Ziniaré. Dans sa présentation de l’ONG, M. Ouédraogo a souligné que près de 6800 producteurs ont déjà été formés et désormais ces producteurs pratiquent une agriculture sans engrais chimiques.
La ferme expérimentale de Nakemtenga, qui a accueilli les producteurs et productrices, est l’un des 3 sites mis en place par l’ONG APIL au profit des agriculteurs. Ouvert en 2018 et d’une superficie de 15 ha, la ferme dispose des unités suivantes : un jardin maraicher, une unité d’élevage d’ovins et de bovins, une unité de compostage, une unité d’apiculture et de biodigesteur.
Photo : Valentin KOURAOGO / Réseau FAR
Des attentes en termes de plaidoyer auprès des décideurs
Cette formation a connu son épilogue avec la remise des attestations devant les partenaires initiateurs de la formation. Pendant la cérémonie, les producteurs formés ont tenu à montrer leur satisfaction pour la qualité de la formation et surtout souhaité que la CPF, l’IRSAT et l’ONG Autre terre plaident leurs causes auprès des décideurs et des partenaires pour l’accompagnement des producteurs en matériel, infrastructure hydro-agricole et l’acquisition de terres cultivable dans un contexte sécuritaire marquée par l’abandon des zones de production par les producteurs.
Mr Christian LEGAY de l’ONG Autre terre a au nom des partenaires initiateurs de la formation assuré avoir bien pris note des doléances et promis de les transmettre à qui de droit, puis souhaité que les techniques apprises soit mise en œuvre.
Un suivi dans le temps
Il a ensuite assuré la disponibilité des formateurs à répondre à toute préoccupation technique des producteurs sur le terrain à travers un groupe whatsapp qui a été crée à cet effet et les donnez rendez-vous bientôt sur le terrain pour voire la mise en pratique des techniques agroécologiques par les producteurs formés.
Impressions des producteurs après la formation
“Je m’appelle Simpore Pingwende, j’ai 23 ans et je viens du village de Sini à Ziniaré dans l’Oubritenga. Je fais du maraichage et je cultive aussi le maïs. Je suis venu assister à la formation par ce que je suis dans le besoin de connaissances en agroécologie.
Selon moi l’agroécologie veut dire langue mossi « Koglzang Koobo ». C’est-à-dire une agriculture intégrée. C’est une agriculture qui protège le sol avec des biofertilisants et elle soigne aussi les sols. Je vais dès mon retour au village faire l’effort de suivre les règles de l’agroécologie que j’ai appris ici et former au moins 10 personnes dans mon département. Je pourrai ainsi contribuer à développer mon pays.”
“Je m’appelle Sawadogo Habibou et j’ai 28 ans, je suis marié et j’ai 2 enfants. Je viens de Dablo dans le centre Nord. Notre village a été déplacé et actuellement il n’y personne à Dablo. On vient d’arriver avec ma famille à Kaya où nous n’avons pas de champs à cultiver, c’est à cause de cela que nous vivons dans la précarité.
On est venu à la formation pour avoir des connaissances dans l’espoir de pouvoir retourner chez nous et pouvoir partager avec d’autres personnes. Si la paix revient et qu’on retourne à Dablo, on va tirer un grand bénéfice de la formation. A Dablo on a des champs, on faisait le maraichage et l’élevage. Mais à Kaya c’est compliqué parce qu’il faut payer les champs et nous ne pouvons avoir d’argent pour acheter des champs. D’ailleurs à Kaya, il n’y presque plus de terre cultivable. Les gens ont presque tout vendu pour qu’on construise des habitations.
Pour moi l’agroécologie c’est une agriculture intégrée par exemple avec l’élevage, les grandes cultures, le compostage, la fabrication des biopesticides, le maraichage et l’agroforesterie.
La formation est très bien pour nous par ce que on a appris beaucoup de choses qu’on ignorait, comme le compostage et le bocachi. Je vois qu’avec la maitrise de la fabrication des biofertilisants, des techniques d’épandage, du compostage et de la fabrication des biopesticides on pourrait mieux s’en sortir dans l’agriculture.”
“Je m’appelle Asseta Sawadogo, j’ai 36 ans je suis marié et mère de 2 enfants. Je viens du village de Tansega à Kaya dans le Centre Nord où je cultive le niébé, du mil et je fais aussi l’élevage. Ce qui m’a motivé parmi tant d’autres pour assister à cette formation, c’est qu’en tant qu’agricultrice, je suis intéressée par l’agroécologie pour renforcer mes compétences.
J’ai compris que l’agroécologie, c’est utiliser nos propres engrais sans utiliser les produits chimiques ou de synthèse.
On entendait parler d’agroécologie, on en pratiquait mais ce n’est pas comme ce qu’on est venu apprendre ici. Ce qu’on est venu apprendre ici est vraiment du nouveau pour nous et bénéfique par ce que si on retourne au village comme on nous l’a demandé, nous allons aussi former 10 autres personnes. Mais je crois qu’au vu de l’importance du sujet et de l’efficacité des techniques, je suis sûr que 10 personnes même sera peu. Tout ceux qui vont en entendre parler vont vouloir apprendre.”
KOURAOGO Windkouni Valentin
kouraogo.valentin@gmail.com
Secrétaire chargé à l’information RNFAR-Burkina
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