Burkina Faso / Formation professionnelle des producteurs de riz et de sésame
[Retours d’expériences pratiques de formation des producteurs et productrices en activité] La filière riz au Burkina Faso est classée parmi les filières agricoles stratégiques car elle contribue à la sécurité alimentaire. L’État burkinabè, avec l’appui de partenaires techniques et financiers, a entrepris de développer plusieurs mesures pour augmenter la production de cette céréale, notamment sur la formation. De 2015 à 2019, la GIZ a engagé avec la direction de la formation, de produire des référentiels et des modules de formation prenant en compte les aspects agro-écologiques, pour former les producteurs de riz dans les bas-fonds aménagés dans la région de la boucle du Mouhoun.
Dans quel contexte se développe l’expérience ?
La filière riz au Burkina Faso est classée parmi les filières agricoles stratégique car elle contribue à la sécurité alimentaire. En moyenne, 300 000 tonnes de riz sont produites chaque année. Le Burkina Faso investit environ 70 milliards FCFA dans l’importation du riz. Le pays ambitionne, à partir de 2021, de produire un million de tonnes de cette céréale prisée par les burkinabè.
De ce fait, le gouvernement du Burkina Faso, à travers le ministère en charge de l’agriculture, avec l’appui de ses partenaires au développement, a entrepris de développer un certain nombre de mesures pour atteindre cet objectif. Ainsi, la GIZ, à travers son projet sur la formation professionnelle, a engagé avec la direction de la formation, de produire des référentiels et des modules de formation prenant en compte les aspects agro-écologiques, pour former les producteurs de riz dans les bas-fonds aménagés dans la région de la boucle du Mouhoun.
Quelle a été la zone d’intervention de l’expérience ?
L’expérience a été initiée dans la région de la boucle du Mouhoun, première région productrice de riz. L’État, avec ses partenaires, a aménagé plusieurs bas-fonds rizicoles. Il s’agissait de former les producteurs sur ces bas-fonds pour améliorer les rendements tout en préservant l’environnement et ainsi diminuer les pertes de devises.
Les formations ont concerné les producteurs de riz dans les bas-fonds aménagés et les producteurs de sésame dans la région de la Boucle du Mouhoun au Burkina Faso.
Quels étaient les objectifs visés ?
L’objectif était de contribuer à améliorer la professionnalisation des producteurs et productrices de riz à travers des formations sur les compétences techniques (notamment l’itinéraire technique de production intégrant les aspects agro-écologiques) mais aussi sur les compétences générales (sur la gestion des exploitations, la commercialisation, l’entrepreneuriat…).
Ce projet avait pour mandat d’accompagner le ministère en charge de l’agriculture à développer dans les centres de formation l’approche par les compétences (en lieu et place de l’approche par les objectifs) afin de renverser la pratique dans les centres pour mettre l’accent sur la formation pratique. C’est ainsi que l’appui aux producteurs de riz a été retenu pour la production d’outils de formation adaptés.
Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?
Le premier acteur est l’État, à travers le ministère de l’agriculture, qui élabore les stratégies et donne les orientations. Il a également doté les centres de formations et les directions régionales de l’agriculture pour la formation et l’appui conseil aux producteurs.
Viennent ensuite les partenaires techniques et financiers notamment la coopération taïwanaise qui a aménagé les bas-fonds. La GIZ à travers son projet sur la formation professionnelle est intervenue pour organiser et dispenser les formations aux producteurs (formation de 9 formateurs et formation de 2 883 producteurs/trices).
Les formations sont organisées en concertation avec l’union régionale des producteurs du riz et avec les services techniques de l’agriculture qui nous adressent la demande d’appui et qui préparent les listes des producteurs à former.
Les formations sont assurées par des formateurs vacataires, formés par le projet en collaboration avec le centre de formation agricole de la région qui assure le suivi des formateurs.
Les services techniques de l’agriculture à travers les chefs de zones sont chargés de suivre le respect des paquets techniques développés et de continuer le service d’appui-conseils pour maintenir le niveau de rendement. Les paquets de formation développés ont été adoptés par l’ensemble des centres de formation qui assurent la formation sur la production du riz.
Quelles sont les principales activités menées ?
- Analyse économique et financières de la filière riz au Burkina Faso (analyse des flux, établissement des comptes d’exploitation consolidés par type d’acteurs, analyse prospectives,…)
- Mise en place d’un comité technique de suivi de l’élaboration et de validation des programmes de formation
- Recrutement de consultants (spécialiste en ingénierie de formation et de la filière riz)
- Organisation des ateliers d’analyse de la situation de travail sur le métier de riziculteur (pour identifier les tâches et convenir des compétences)
- Elaboration des différents référentiels (compétence, formation, évaluation, organisation matérielle et pédagogique, guide du formateur)
- Formation et sélection des formateurs
- Recensement des besoins/nombre de personnes à former par bas-fonds rizicoles
- Programmation et déroulement des formations
- Suivi-évaluation de l’application des paquets de formation et des rendements.
Comment ont été identifiés les besoins en formation ?
La demande a été construite autour de :
- la requête du ministère en charge de l’agriculture pour former les producteurs des bas-fonds rizicoles ;
- le recensement des personnes à former au niveau des coopératives par l’union régionale des producteurs à transmettre aux agents de l’agriculture ;
- l’établissement des listes des producteurs/productrices à former par bas-fonds par les agents du ministère de l’agriculture auprès de l’union régionale des producteurs de riz
- la validation des listes lors des ateliers pédagogiques des centres de formations (il s’agit de voir si les possibilités budgétaires permettent de former le nombre des demandeurs et de faire les ajustements nécessaires selon le budget disponible.
Sur les ateliers d’analyse de la situation de travail, l’analyse a pour objet de faire le portrait le plus complet possible d’une fonction de travail. Il s’agit de décrire les éléments de la situation de travail les plus déterminants de l’exercice des métiers liés à cette fonction de travail. Après les études d’opportunités sur les métiers de la filière riz, des ateliers de travail ont été organisés avec les acteurs des différents maillons de la filière (production, transformation et commercialisation). Les prestataires de services et équipements ont été aussi conviés à ces ateliers qui ont eu pour objectif de décrire la fonction de travail, les tâches et les opérations habituellement effectuées par les tenants du poste ou du métier.
Comment est financée cette expérience ?
Le financement de la formation des formateurs, la formation des producteurs par les formateurs, le coaching et le suivi des formateurs ont été financé par le projet formation professionnelle de la GIZ. Les aménagements et le matériel de travail dans les bas fonds ont été financés par l’état et la coopération taiwanaise.
Après l’établissement des listes des besoins par coopérative, une rencontre est tenue entre les agents du ministère de l’agriculture (chargé du suivi technique de l’application des paquets), les centres de formations chargés du suivi et du coaching des formateurs (surtout vacataires), les responsables de l’union régionale des producteurs de riz et le projet formation de la GIZ. Les estimations sont faites en termes de charges et les réajustements sont apportés si nécessaires.
Pour la pérennisation, les principaux acteurs de l’organisation et de la tenue des formations sont les agents de l’agriculture et les formateurs des centres qui sont aussi des agents de l’état. Ce sont eux qui sont porteurs de la suite des formations et de l’évaluation des activités après l’arrêt des activités.
Comment est prise en compte l’agroécologie dans les activités ?
L’agro-écologie a été prise en compte dans :
- la construction des modules de formation. Une compétence et un module de formation ont été construits (Module 15 : Appliquer des bonnes pratiques environnementales) avec un objectif de comportement visé qui est de permettre à l’apprenant d’acquérir des connaissances et des compétences en bonnes pratiques environnementales avec des critères à évaluer
- l’approche prédagogique (fiche de suggestion pédagogique)
- l’approche d’évaluation des producteurs sur la prise en compte des questions de durabilité écologique.
Quels sont les principaux conseils que vous donneriez pour mener une expérience telle que celle décrite ?
- Initier l’activité partant d’une demande fondée sur les besoins des premiers bénéficiaires (producteurs/trices)
- Construire le contenu de la formation en se fondant sur leurs besoins et les technologies qui leur sont accessibles
- Impliquer les services techniques pour prendre en charge certaines activités et réduire les coûts
- Responsabiliser les bénéficiaires dans l’organisation des formations (liste des personnes à former, mobilisation du matériel sur le terrain,…)
- Dérouler la formation en milieu réel avec des étapes qui doivent être déroulées selon le calendrier agricole (on ne peut pas par exemple venir former sur le semis ou le repiquage au moment des récoltes…)
- Adopter une attitude transparente avec des critères convenus dans le choix des sites et des personnes à former.