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Réseau FAR

03
Mai
2021

Burkina Faso / Processus d’élaboration de la stratégie nationale FAR : ses apports, ses limites

Abdoulaye Yéyé, secrétaire général du réseau FAR et coordonnateur d’un programme national de la GIZ au Burkina Faso, nous propose un rappel sur le processus d’élaboration de la Stratégie Nationale Formation Agricole et Rurale (SNFAR) au Burkina Faso et comment le plan national du secteur rural a intégré une partie des orientations de cette stratégie.

Cette contribution a permis de nourrir FAR Thema#1 sur la Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale.

Quelques rappels sur le processus d’élaboration

Étape 1 : diagnostic de la FAR au Burkina Faso réalisé par Pierre Debouvry en 2004.

Étape 2 : début des réflexions en 2009 pour l’élaboration de la Stratégie nationale de Formation Agricole et Rural sous le leadership de la Direction des écoles et centre de formation (DECF) de la Direction Générale du Foncier, de la Formation et de l’organisation du monde rural (DGFOMR) / financement Banque Mondiale :

  • Activités : recrutement de deux consultants, organisation d’une série d’ateliers pour valider le diagnostic du dispositif de la FAR, élaborer la feuille de route, informer les acteurs de la FAR. Réalisation d’une mission au Sénégal pour s’inspirer de l’expérience sénégalaise pour le processus d’élaboration de leur SNFAR.
  • 2012 : présentation d’un premier draft de la SNFAR très critiqué parce que ne prenant pas en compte tous les départements sectoriels du monde agro-sylvo–pastoral et l’enseignement supérieur.
  • 2012 : suspension du processus par manque de financement pour payer le consultant national ayant collecté les données complémentaires et pour organiser les rencontres de présentation et de validation des résultats.
  • 2014 : Reprise du processus avec un financement de la GIZ (projet GIZ/EFTPA) : prise en charge du consultant national et organisation de trois ateliers pour (i) réactualiser et valider les axes d’intervention initialement proposés et faire l’alignement avec les orientations en matière de formation agricole et rurale du programme de développement détaillé de l’agriculture africaine (PDDA) de l’agence de développement de l’union africaine (NEPAD) ; (ii) élaborer le plan d’action et (iii) validation en 2015 de la stratégie et de son plan d’action. Les documents ont été élaborés et soumis au gouvernement de transition (arrivé après l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014) qui a voulu comprendre avant de signer, mais n’a pas pu le faire avant son départ. Le ministre de l’époque voulait organiser une concertation avec les autres départements sectoriels, ce qui s’est avéré lourd à organiser car les agendas ne coïncidaient pas.
  • 2016 : arrivée du nouveau gouvernement à la suite des élections de novembre 2015. Les nouvelles autorités ont demandé de reprendre le document de la SNFAR et de l’arrimer avec les nouveaux référentiels de développement (notamment le Programme National de Développement Économique et Social (PNDES 2016-2020) et par la suite avec le Programme National pour le Secteur Rural (PNSR 2 2016-2020).
  • 2018 : travail de relecture et de reprogrammation sous la Direction de la DGFOMR avec l’ensemble des acteurs de la FAR (organisations de producteurs, universitaires, centres de formation agricole, directions techniques en charge de la formation, partenaires techniques et financiers, ONG,…). Un aspect important à souligner : les prises en charges de l’ensemble des acteurs de la FAR pour la relecture de 2018 ont été assurées par le budget de l’Etat à travers la DGFOMR.
  • 2019 : adoption en conseil de cabinet du département en charge de l’agriculture.

Ce que le processus a apporté aux acteurs et à la FAR :

  • Une meilleure connaissance de la FAR et de ses enjeux et un véritable effort de concertation et recherche de complémentarité. Ainsi, les résultats des concertations et la meilleure connaissance des enjeux de la FAR ont permis de mieux adresser les questions de la FAR dans les documents (stratégies et programmes) d’envergure nationale (notamment le PNDES avec une meilleure prise en compte des questions de formations des acteurs du secteur agro-sylvo-pastorale et dans le programme national pour le secteur rural). Les contenus des axes majeurs de la SNFAR validés ont été considérés dans ces documents.
  • Sur le terrain, ces nouvelles orientations se sont traduites par l’augmentation du budget de l’état accordé à la formation agricole et rurale.
    Exemple d’un centre de promotion rural qui forme des jeunes de 15 à 30 sur le certificat de qualification du fermier agricole (CPR de Kodougou  à 230 Km de Ougadougou) : “Le budget était en 2016, moins de 10 000 000 FCFA (15 000 EURO). Il est passé en 2017 à 30 005 000 F CFA (45 753 EURO). Et 2018 il a atteints 66 900 000 F CFA (101 989 EUROS). Ce budget a été adopté pour l’ensemble des 9 CPR qui forment les jeunes sur le CQP fermier agricole. L’augmentation a donc été de plus de 100% pour l’ensemble de ces 09 centres. Ces montants ne comprennent pas les salaires des formateurs.”
  • En plus de l’augmentation des fonds alloués, les centres ont été dotés en matériel (tracteurs, motoculteurs, matériel informatique, …). Il y a eu aussi des aménagements des terrains pour la production avec différents systèmes d’irrigation (système californien, système goûte à goûte).
  • Il faut aussi signaler que les activités du plan d’action révisé en 2018 ont été effectivement prises en compte dans les programmes budgétaires par les directions techniques des différents ministères en charge de la FAR, appuyées par leurs partenaires techniques et financiers. Ce qui permet d’opérationnaliser le plan d’action de la SNFAR.
  • Nous avons eu l’opportunité de suivre la réalisation de certaines de ces activités (révision des programmes de formation des agents techniques d’agriculture et des techniciens supérieurs d’agriculture au niveau du CAP/Matourkou, construction de nouveaux centres, réaménagement du système de gestion des centres,…).

Les faiblesses du processus :

  • Le manque de capitalisation pour apprécier le niveau de mise en œuvre des activités au niveau des différents ministères ;
  • La gouvernance reste toujours faible avec l’absence d’une instance de pilotage qui se retrouve régulièrement pour adresser les différentes préoccupations.

Abdoulaye YEYE
Secrétaire générale au Réseau FAR
abdoulaye.yeye7@gmail.com

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