Côte d’Ivoire / Produire plus de banane plantain sans pesticide : un défi à relever !
Le CIRAD et ses partenaires, dans le cadre de l’Initiative pour l’intensification écologique de la banane plantain en Afrique (IPA), ont saisi l’occasion de la 6ème édition du Salon de l’Agriculture et des Ressources Animale (SARA 2023) à Abidjan, en Côte d’Ivoire, pour organiser une conférence-débat sur le thème : « Produire plus de banane plantain sans pesticide : un défi à relever ! ».
Cette conférence – débat, présidée par M. ANGUI Kouassi Téhuia Pascal, Directeur Général de la production et de la sécurité alimentaire au Ministère d’État, Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural (MEMINADER), a été animée par plusieurs spécialistes du monde agricole. Entre autres des chercheurs, des producteurs de banane plantain, des agronomes, des spécialistes de la formation et du conseil agricole, des transformateurs (trices) de la banane plantain…
La conférence-débat s’est déroulée sous forme de panel à sous- thèmes :
- Produire plus de banane plantain sans pesticide : quels retours d’expériences des producteurs ? Quels leviers techniques ? Quels problèmes à contourner ?…
- Commercialisation/transformation des bananes plantains sans pesticide sur les marchés…une opportunité ? Intérêt pour le consommateur ? demande des consommateurs ? Meilleure valorisation? Normalité ?…
- Quels enjeux scientifiques pour accompagner la production d’une banane plantain sans pesticides ? Quelles thématiques de recherche initier/poursuivre/renforcer pour accompagner le développement d’une production de banane plantain sans pesticide ? Quel financement de la recherche pour cette voie innovante ?
- Former les producteurs aux nouvelles façons de produire ? Quelle est la place de la formation agricole initiale et professionnelle pour accompagner le développement d’une production de banane plantain sans pesticide ? Les professionnels de la formation sont-ils former aux pratiques innovantes agroécologiques ?…
En introduction du panel, chaque sous-thème a été d’abord développé par un spécialiste, suivi de témoignages avant d’engager le débat avec l’ensemble des participants.
En qualité de représentant du réseau international FAR à cette conférence, nous avons animé le sous-thème relatif à la formation dont nous partageons avec vous le contenu de nos propos préliminaires aux débats :
« … aider les agriculteurs/producteurs à adapter leurs systèmes de production aux évolutions agro-écologiques et socio-économiques. »
Tous les experts qui nous ont précédés ont parlé de la production de banane sans pesticide. Des dispositions à prendre pour la production, pour la qualité et l’autonomie alimentaire, la gestion durable de l’eau, des sols et de la biodiversité pour régénérer les capacités productives des espaces agricoles, les progrès et les enjeux de la recherche scientifique… En somme, un ensemble de défis à relever dont le producteur/agriculteur reste un pion important.
Face à cette situation, il est nécessaire d’aider les agriculteurs à adapter leurs systèmes de production aux évolutions agro-écologiques et socio-économiques.
Aujourd’hui, la formation est largement reconnue comme étant la clé de l’adaptation et de la prospérité des acteurs du secteur agricole. La formation agricole, comme le conseil agricole, vise à accompagner les producteurs et à les autonomiser dans la gestion de leur exploitation. Elle répond aussi à de réels besoins pratiques et techniques. Pourtant, les rares formations existantes à l’endroit des producteurs, sont souvent inadaptées et concernent encore peu de personnes. Alors se pose la question : comment s’y prendre pour former les producteurs aux nouvelles façons de produire ? Quelles sont les conditions à réunir pour faciliter le déroulement de ces formations ? Quelle pourrait être la place de la formation diplômante dans cette transition agroécologique ? Pour l’agriculture familiale, qui produit 90% de la banane plantain, quelle est la place de la rénovation des dispositifs de formation et d’appuis aux démarches de conseil agricole ? Quelles devraient être les connaissances nouvelles et les postures d’accompagnement des formateurs et conseillers agricoles ? Quels doivent être les processus d’apprentissage des acteurs à former ?
Voilà autant d’interrogations auxquelles nous devons répondre.
De notre point de vue, les transitions agroécologiques doivent nous amener à adapter et renforcer les formations à destination des producteurs et productrices. Cela implique de nouvelles approches pédagogiques, la nécessité de lier demande et enjeux globaux, la valorisation des savoir-faire locaux et la collaboration entre acteurs.
Au niveau des formateurs et conseillers agricoles, trois objectifs doivent guider leur démarche de formation aux pratiques innovantes :
- Renforcer l’autonomie de décision des producteurs.
La formation est souvent mise en œuvre dans une démarche prescriptive non adaptée aux besoins. Or l’une des fonctions de la formation des jeunes et l’appui aux conseils à des producteurs est le renforcement de leurs capacités pour une meilleure autonomie de décision dans la gestion des exploitations.
- Accroitre la capacité d’adaptation des producteurs face aux changements en cours.
Il est difficile voire impossible de tout prévoir en matière de changement. En effet, les besoins de formation des jeunes entrepreneurs ruraux, des agriculteurs, des Organisations Professionnelles Agricoles (OPA), mais aussi des gestionnaires de dispositifs de conseil, évoluent en fonction des situations ; cela nécessite des prédispositions pour être en mesure de s’y adapter.
- Adapter l’accompagnement au public.
La formation et le conseil se distinguent davantage dans la façon dont l’accompagnement est appréhendé. La formation initiale agricole s’intéresse à un public jeune de producteur en devenir. L’objectif pédagogique consiste alors à accompagner le jeune dans le développement de son projet d’insertion orienté vers la professionnalisation. Le conseil agricole, quant à lui, répond à un public d’adultes en situation professionnelle qui doivent adapter leurs outils d’aide à la décision par la formation continue. A ce niveau, il faut tenir compte de la spécificité du public de la formation et du conseil agricole, qui est souvent un public analphabète, avec pour conséquence des capacités d’apprentissage plus limitées.
Dans ce cas, il sera souvent nécessaire pour le formateur ou le conseiller de faire appel à de nouvelles ressources pédagogiques intégrant les nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication (TIC).
M. SILUE Mèhin
Coordonnateur Adjoint au Programme National de formation aux Métiers Ruraux (PNMR- MEMINADER)
Spécialiste en ingénierie de formation agricole et rurale
Représentant pays (Côte d’Ivoire) de l’Association réseau FAR
siluenet@yahoo.fr