De l’idée au projet : les lauréats du concours Graines d’agro à la recherche de partenaires
Deux projets étudiants béninois et ivoirien sont à l’honneur dans le concours Graines d’Agro, qui met en valeur l’innovation, l’entrepreneuriat et l’engagement associatif des diplômé·es de l’institut Agro | Montpellier SupAgro. Rencontres avec les lauréats qui nous parlent de leurs deux projets (plateforme de transformation de produits agricoles au Bénin, valorisation du cacao en circuits courts en Côte d’Ivoire). Ils souhaitent désormais concrétiser leur idée et recherche activement des partenaires.
1. Bénin / Projet ATRAM (Atelier de Transformation Mobile des fruits et légumes au Bénin)
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques mots ?
ATRAM (Atelier de Transformation Mobile des fruits et légumes) est un projet qui vise essentiellement la réduction des pertes post récolte en Afrique. Il s’agit en réalité de mettre à disposition des agriculteurs une plateforme de transformation de produits agricoles (notamment les fruits et légumes) capable de réaliser la transformation au plus près des lieux de production. Les agriculteurs pourront ainsi s’assurer d’éviter les difficultés de transport, de stockage et de conservation de leurs récoltes tout en améliorant leurs revenus.
Notre projet ATRAM est une aubaine pour les agriculteurs qui ont du mal à écouler leurs produits dans les villes environnantes et surtout une opportunité pour éviter les pertes post récolte qui sont conséquentes.
Comment vous est venu l’idée du projet ?
Lors d’une discussion entre amis de promotion, nous avons discuté des difficultés qu’ont les acteurs économiques de construire des usines de transformations des produits agricoles en Afrique. Ceci principalement à cause des financements importants que cela peut représenter, des lourdeurs administratives et de l’absence de certains équipements sur le marché local. L’idée est née d’un désir d’apporter notre expertise en agroalimentaire au développement de l’Afrique, ayant l’expérience pour la plupart d’entre nous des difficultés que vivent les agriculteurs en zone rurale en Afrique subsaharienne. Nous avons pensé à un modèle de TPE flexible et minimisant certains coûts d’investissement et d’installation qui freinent la plupart des projets (Foncier, Bâtiments, électricité et eau). Nous voulions capitaliser nos connaissances du fonctionnement des ateliers de transformation collectifs en France acquises lors d’une étude réalisée pour la DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt) Occitanie, pour créer un outil fédérant plusieurs producteurs qui l’utilisent mutuellement pour répondre à leurs besoins.
Que vous a apporté le concours Graine d’Agro ?
Déjà le fait de confronter cette idée à un jury expérimenté nous a permis de jauger de la pertinence et la solidité du projet. Nous avons été confortés dans notre élan par cette fierté de savoir que notre idée peut aboutir à de grands résultats sur le terrain.
Outre le gain financier du prix graine d’Excellence (4000€) pour nous permettre d’évoluer dans notre projet, cela nous a également permis de gagner en visibilité. Plusieurs contacts avec de potentiels partenaires ont eu lieu depuis le concours, ce qui nous a permis de nous enrichir d’autres expériences et nous rapprocher un peu plus du but.
Quel suite voulez-vous donner à ce projet ?
Grâce à la Graine d’Agro, nous sommes passés peu à peu de l’étape d’idéation à un projet concret. L’objectif pour nous c’est de donner vie à ce projet avec un modèle économique viable et durable.
Nous approfondissons l’étude de faisabilité technique et économique de notre modèle. La suite que nous envisageons, c’est de pouvoir réunir toutes les ressources nécessaires pour concrétiser notre projet dans les quelques mois à venir.
Quels sont vos besoins pour concrétiser votre projet ?
Nous sommes activement à la recherche de partenaires (financiers, techniques et autres parties prenantes). Il s’agit d’un projet de grande envergure qui va nécessiter beaucoup d’investissement financier pour l’acquisition et l’entretien des équipements. Nous nous efforçons à construire un modèle viable aussi bien sur le plan financier que social afin de convaincre les investisseurs, toutes les institutions publiques ou privées et personnes désireuses de participer au développement des pays émergents.
Nous sommes donc ouverts à tous les accompagnements nécessaires à l’atteinte de notre objectif. Notre ambition est d’étendre le modèle à d’autres pays. Le Bénin représente pour nous le début d’une longue aventure.
Contacts des porteurs de projet :
Fréjus OGOUMA (frejus.ogouma@supagro.fr), Koboyo LAMGBA (lamgbakoboyo@gmail.com , Cédric ELLA BOLO (cedricella2@gmail.com)
2. Côte d’Ivoire / Projet VACAO (Valorisation Artisanale du Cacao en Afrique de l’Ouest)
Pouvez-vous présenter votre projet en quelques mots ?
Le projet VACAO (Valorisation Artisanale du Cacao en Afrique de l’Ouest), a pour ambition de créer une filière de valorisation du cacao en circuits courts en Côte d’Ivoire, en formant les cacaoculteurs à un savoir-faire traditionnel antillais, le baton-kako, qui ne nécessite pas d’intrants ni de matériel coûteux. Ce produit s’utilise en quantité relativement faible pour préparer des boissons goûteuses, ce qui dilue son prix au niveau du consommateur. Combiné avec la réduction du nombre d’intermédiaires, cela permettrait une structure de prix avantageuse à la fois pour le planteur et le consommateur ivoirien, améliorant la situation financière du premier et rendant la consommation de cacao plus accessible au second.
Comment vous est venu l’idée du projet ?
Nous avions conscience que la transformation est un moyen pour les agriculteurs de créer plus de valeur ajoutée et d’améliorer leurs revenus. Alain KOUAME, qui est fils de cacaoculteur, avait donc dans l’idée de monter une unité de transformation du cacao pour le marché local. Seulement les procédés classiques sont coûteux et nécessitent des investissements importants, ce qui constituait un double point de blocage, pour la mise en place d’une part et pour offrir un prix adapté au pouvoir d’achat des ivoiriens d’autre part. En se demandant comment rendre le cacao moins cher à consommer, on s’est dit qu’il fallait creuser du côté des boissons, vu que le prix y est dilué. Ce mode de consommation est traditionnel dans les Antilles, et en regardant de plus près ce qui s’y faisait, on a découvert le baton-kako, qui ne nécessite dans sa version la plus rudimentaire qu’une marmite, un mortier et des feuilles de bananier (hormis les étapes de fermentation-séchage déjà maîtrisées par les cacaoculteurs ivoiriens). Ce mode de transformation est donc adapté à une transformation paysanne, et l’essor de l’alimentation populaire urbaine (restaurants, kiosques et vendeurs de jus) offre une réelle opportunité de démocratisation de la consommation de boissons cacaotées à bas prix.
Que vous a apporté le concours Graine d’Agro ?
Outre l’aspect financier du prix Graine d’Espoir (3000 €), qui contribue à plus de 40% dans notre budget prévisionnel, le concours Graine d’Agro nous a apporté une visibilité et un regard critique sur notre projet (et aussi une certaine fierté, il faut le reconnaître). Mais avant même l’aboutissement du concours, sa préparation nous a vraiment motivé à pousser la réflexion et à formaliser le projet, et les séances d’accélération de projets proposées par l’organisation nous ont beaucoup aidé dans ce sens.
Quel suite voulez-vous donner à ce projet ?
Pour l’instant, nous sommes à une phase de planification, qui est déterminante pour pré-structurer la filière et être le plus efficace possible une fois sur place.
Si tout se passe bien, nous devrions passer à la phase terrain dans une région pilote pour la prochaine campagne cacaoyère (octobre-novembre 2021). Là, nous formerons sur deux semaines non seulement les cacaoculteurs, mais aussi les acteurs de l’alimentation populaire urbaine, sur les aspects techniques et commerciaux, afin d’aboutir à un début de filière autonome et équilibré. Nous resterons ensuite en contact avec les acteurs locaux pour évaluer notre action, et l’améliorer.
Quels sont vos besoins pour concrétiser votre projet ?
Tout d’abord, l’éloignement géographique rend la phase de préparation du terrain plus compliquée, et être mis en contact avec des acteurs locaux pertinents dans le cadre de notre projet serait un véritable coup de pouce. Aussi, notre projet visant à former les cacaoculteurs sans contrepartie financière, nous avons besoin d’un support financier ou logistique (la partie déplacement contribuant pour moitié au budget). Nous recherchons à cet effet des partenaires internationaux ou locaux pouvant nous apporter un appui financier ou matériel.
Il nous serait aussi très utile de travailler en partenariat avec un organisme de développement déjà présent sur le terrain et bénéficiant de la confiance des cacaoculteurs. Cela nous aiderait à toutes les phases du projet, et permettrait d’avoir un relais suffisamment ancré dans le territoire pour assurer le déploiement de la technique dans d’autres bassins de production lorsque notre projet pilote aura porté ses fruits.
Contacts des porteurs de projet :
Julien VANDERMAESEN (julien.vandermaesen@gmail.com), Yao Alain KOUAME(kalain16@gmail.com), Ariel ANOUMA(arielanouma9@gmail.com), Lumley HECTOR( Lumley.h@yahoo.com)