Résultats de l’enquête “Quels enjeux du développement de la Formation Agricole et Rurale ?”
Quelle place de la Formation Agricole et Rurale dans votre pays ? Existe-t-il une stratégie nationale ? Quels sont selon vous les enjeux du développement de la FAR ? 250 acteurs de la FAR, issus de 22 pays, nous donnent leur avis. Morceaux choisis.
Une enquête numérique, anonyme, diffusée à l’été 2019 via Facebook et listes de diffusion, a permis de recueillir les avis de 250 personnes ayant pour dénominateur commun leur intérêt pour la FAR. Leur profil : majoritairement des hommes (85%), issus pour un tiers d’entre eux du secteur du développement (ONG, association), puis des structures étatiques (19,4%), de la consultance (14,3%) et enfin de l’enseignement (9,7%).
Selon vous, dans votre pays de résidence actuel, la Formation Agricole et Rurale est :
Selon les répondants, dans leurs pays, la FAR est assez peu ou moyennement développée. Un quart seulement la considère comme bien développée. Un tiers de ces réponses « bien développée » provient de France, et un autre tiers du Sénégal, le reste étant globalement réparti sur l’ensemble des pays, démontrant une vision très différente de l’état de la FAR selon les pays. Le seul critère réellement discriminant sur ce critère est l’âge : les plus jeunes sont plus critiques que les plus âgés.
Existe-t-il une stratégie nationale de FAR dans votre pays ?
Les répondants se prétendent très au fait de l’existence ou pas d’une SNFAR dans leur pays (la France et le Canada ont été retirés de cette analyse), avec seulement 14,3% disant ne pas être au courant. Cependant peu de pays reçoivent des réponses uniques. Selon les répondants, les pays disposant de SNFAR sont Madagascar, Maroc, Haïti et Mauritanie ; les pays n’en disposant pas : Angola, Congo Brazzaville, République Centrafricaine et Tchad. Pour les douze autres pays, il y a à la fois des « oui » et des « non », parfois de manière tranchée (Sénégal : 30 oui pour 2 non ; Burkina Faso : 25 oui pour 3 non), parfois de manière équilibrée (Côte d’Ivoire : 5 non, 9 oui ; Mali : 4 non, 5 oui). L’existence et le rôle d’une SNFAR mérite donc une plus grande promotion en direction même des personnes impliquées (ou du moins intéressées) par la FAR.
Selon vous, les technologies numériques de formation sont :
Si moins de 6% des répondants considèrent que les outils numériques sont absolument inutiles au développement de la FAR dans leur pays, la plus grande partie (43,9%) les considère comme des supports utiles sans être indispensables (27%). Le Tchad et le Bénin sont les pays les plus enthousiastes. S’il n’y a pas de différences marquantes dans les réponses entre pays et entre secteurs d’activités, c’est une nouvelle fois le critère d’âge qui importe, les plus jeunes étant plus enthousiastes que les plus âgés concernant l’utilité de ces technologies pour la FAR.
Quels sont selon vous les enjeux principaux du développement de la FAR dans votre pays ?
On peut distinguer quatre axes de réponses, qui portent sur :
Les objectifs de la FAR
- Contribuer au développement rural en général : mettre en valeur le potentiel agricole du pays, améliorer la productivité et assurer l’autosuffisance alimentaire, permettre le développement des exportations, protéger l’environnement, mieux gérer les sols…
- Accompagner les mutations agricoles et sociales à venir, en lien avec l’évolution des systèmes agricoles et en prenant fortement en compte les changements climatiques.
- Motiver les jeunes, leur assurer un emploi (auto-emploi vs employabilité), insérer les jeunes dans le tissu entrepreneurial.
- Étendre la conscience des groupes cibles sur les innovations.
- Renforcer la cohésion et la paix sociale dans le pays, combattre l’émigration clandestine.
Une vision transversale, des enjeux globaux
Le fonctionnement du système national de FAR
- Développer les synergies entre les différentes composantes de la FAR, impliquer tous les acteurs (notamment dans l’élaboration des SNFAR).
- Instaurer une stratégie nationale et régionale pour la FAR et en faire le suivi. De manière générale améliorer la réglementation et les normes.
- Clarifier le dépositaire de la responsabilité de la FAR au sein de l’Etat : qui prend les décisions ?
- Mieux choisir les leaders et experts qui veillent à la réussite de la FAR (intérêts et compromissions nombreuses).
- Disposer par pays d’un mapping des acteurs de la FAR.
- Résoudre le manque de ressources financières.
- Changer le statut de vulgarisateur par celui de conseiller agricole et lui accorder des promotions pour assurer la qualité du travail accompli.
- Mieux valoriser la formation agricole et rurale.
De la cohésion entre acteurs de la FAR
Le fonctionnement des structures de FAR
- Refondre les modèles de formation, les outils et démarches mobilisés, la durée du processus de formation, l’évaluation et la capitalisation sur ces processus.
- Harmoniser et mutualiser les curricula de formation. Les adapter aux besoins réels des demandeurs.
- Mettre plus d’accent sur la pratique et moins sur la théorie, adéquation de la formation avec l’emploi.
- Mieux doter les centres de FAR en équipements (unités d’apprentissage, matériel de fonctionnement courant).
- Mieux collaborer avec la recherche.
- Accroître la FAR en langues nationales.
- Améliorer la formation de formateurs.
- Développer la E-vulgarisation.
Des formations pratiques adaptées aux besoins, vers une agriculture innovante et professionnelle
L’impact de la FAR
- Résoudre la non-fonctionnalité concrète des étudiants formés (différence entre les objectifs quantitatifs et qualitatifs)
- S’adresser à des producteurs plutôt qu’à des techniciens.
Faire place aux jeunes
Ces résultats sont issus de l’enquête numérique réalisée par l’IRAM et Inter-réseaux Développement Rural dans le cadre de l’évaluation ADEX FAR 2.