Le genre au Maroc dans la formation agricole et rurale
Le Maroc a réalisé un saut qualitatif dans le domaine du développement humain en adoptant une approche genre, et la réalisation de ces acquis est considérée comme une extension efficace des initiatives Royales liées à l’amélioration des conditions de la femme et à la réduction des disparités sociales. Bouchra CHORFI, Chef de la Division de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle au Ministère de l’Agriculture, fait le point sur la situation du genre dans la FAR au Maroc.
Le rapport de la FAO sur l’évaluation genre des secteurs de l’agriculture et du développement rural[1] affirme que le Maroc est un pays où nous pouvons faire le constat d’avancées significatives en matière de promotion des droits des femmes et de l’égalité du genre. Un changement notable marqué par des réformes institutionnelles et législatives comme en témoignent la constitutionnalisation du principe d’égalité et de parité, l’adoption de nouvelles lois relatives à la lutte contre les violences faites aux femmes et aux conditions de travail et d’emploi des travailleuses et travailleurs domestiques, ou encore l’amélioration du niveau d’éducation et du taux de scolarisation atteints par les femmes par rapport à la génération de leurs ainées.
Selon ce même rapport, les cibles à atteindre pour le Nouveau Modèle de Développement à l’horizon 2035 sont :
- Augmentation du taux d’activité des femmes (de 20,9% en 2021 à 25% en 2025 et 45% en 2035) ;
- Augmentation du nombre de femmes à des postes d’emplois supérieurs (de 11,4% à 35% en 2035) ;
- Établir la parité salariale dans le secteur privé (réduire l’écart salarial de 15% à 5% ) ;
- Toutes les femmes doivent avoir les mêmes chances que les hommes d’accéder à l’éducation, en protégeant leur droit fondamental à l’enseignement obligatoire et à l’enfance (zéro filles mineures qui travaillent et ne vont pas à l’école, zéro mariage de mineures) ;
- Lutter contre l’analphabétisme des femmes quel que soit leur âge (principalement dans le rural).
Au Maroc, plusieurs départements ministériels s’intéressent au genre ainsi que plusieurs organismes internationaux dans un objectif ultime d’améliorer les conditions de vie des femmes. Dans ce cadre, le Ministère de l’Agriculture, de la Pêche, du Développement rural, des Eaux et Forêts (MAPMDREF), et à travers la Stratégie Génération Green, s’est engagé à renforcer l’élément humain et de dynamisation le développement agricole, en particulier pour les femmes rurales, en établissant des politiques de développement globales avec l’objectif de réduire les disparités entre les sexes et d’assurer l’égalité des chances pour les femmes dans les programmes et projets de développement agricole et l’intégration du genre dans les chaînes de production agricole, en tenant compte des aspirations et des besoins des femmes rurales en tant qu’élément actif et partenaire du développement agricole.
Cette stratégie vise à consolider les acquis réalisés dans le cadre du Plan Maroc Vert, en adoptant une nouvelle vision et en développant des moyens modernes au service du secteur agricole.
Elle vise également l’émergence d’une classe moyenne d’agriculteurs à l’horizon 2030, en mesure de jouer un rôle important dans l’équilibre social et économique du monde rural, en diversifiant les filières de formation et en attirant les jeunes ruraux et les fils et filles de agriculteurs, en simplifiant les conditions d’accès aux établissements de formation, en garantissant la qualité des formations et en améliorant les compétences afin d’assurer la stabilité des fils et filles d’agriculteurs en milieu rural. Le rapport de performance de la loi de finance 2023 de la direction de l’Enseignement de la Formation et de la Recherche relevant du MAPMDREF, indique que sur un effectif de 454 lauréats de l’enseignement supérieur agricole, 257 sont des filles soit un taux de 57% et que pour les lauréats de la formation professionnelle agricole, sur les 2433 lauréats en formation alternée, 31% sont des filles et sur les 5 826 apprentis formés 22% sont des filles[2].
Le Ministère a également travaillé sur :
- le renforcement des capacités des jeunes en général et des femmes en particulier afin de stimuler l’esprit d’entrepreneuriat et d’investissement à travers des projets agricoles à travers la formation ;
- renforcer le monde rural en créant des activités génératrices de revenus et en offrant des opportunités d’emploi, notamment aux femmes rurales, en développant les compétences des jeunes et en leur donnant de plus grandes opportunités de bénéficier de formations professionnelles ;
- soutenir et encourager les associations professionnelles qui contribuent à l’organisation de programmes de formation professionnelle agricole à travers des conventions de partenariat, dans le cadre desquelles ces associations œuvrent à offrir des espaces de formation et à soutenir l’insertion des stagiaires dans leurs domaines ;
- développer une méthodologie pour prendre en compte l’intégration du genre dans la conception, la planification, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des programmes et projets de développement des filières agricoles.
A cet égard, le Ministère continue de prendre de nombreuses mesures visant à prendre en compte les priorités des femmes et des filles rurales et leurs besoins en matière d’appui technique, de formation, d’encadrement et de renforcement de leurs capacités productives. Les mesures prises à tous les niveaux comprennent le renforcement de l’accès aux ressources, le renforcement des capacités et des compétences et l’accompagnement des femmes et des filles rurales à travers des formations ciblées dans les domaines liés au développement de leurs capacités techniques et managériales dans les domaines de la production, de la valorisation, de l’organisation et de la gestion des exploitations agricoles.
Le Ministère continue également de créer et de qualifier un certain nombre d’unités de valorisation affiliées aux organisations professionnelles des produits locaux et de faciliter l’accès de ces produits aux grands et moyens marchés et de les commercialiser à travers la participation à de nombreuses expositions internationales et nationales et le développement d’une nouvelle génération d’organisations agricoles.
Le renforcement des capacités des femmes constitue également un axe essentiel dans la stratégie d’intégration de l’approche genre dans les programmes et projets de développement agricole, car il contribue de manière significative à l’autonomisation socio-économique des femmes dans le domaine de l’agriculture dans le monde rural. Dans ce contexte, le Ministère programme annuellement un ensemble de formations au profit des femmes rurales impliquées dans les organisations professionnelles agricoles dans plusieurs domaines afin de stimuler l’esprit d’entrepreneuriat et d’investissement chez les femmes qui portent des projets agricoles. Cette formation est très pertinente pour le développement de l’entrepreneuriat féminin, comme la gestion, la gouvernance, l’investissement et le marketing, ainsi que dans le domaine du développement du leadership féminin.
En conclusion, les mesures prises par le Ministère de l’Agriculture visent à intégrer l’élément féminin comme partenaire efficace dans tout projet visant à améliorer les conditions de vie en milieu rural, à renforcer l’autonomisation économique des femmes dans le domaine agricole et à créer de la richesse et des emplois afin d’augmenter les revenus, de parvenir à un développement durable et de réduire les disparités sociales, économiques et spatiales dans le Royaume.
Bouchra CHORFI
Chef de la Division de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle
Direction de l’Enseignement, de la Formation et de la Recherche
MAPMDREF – Maroc
[1] FAO. 2023. Évaluation genre des secteurs de l’agriculture et du développement rural – Maroc. Rapport 2023. Rabat.
[2] Rapport de Performance de la Loi de Finance 2023 de la Direction de l’Enseignement de la Formation et de la Recherche/MAPMDREF