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Réseau FAR

28
Mar
2025

Niger / Des sites de formation pour former à l’agroécologie

L’agence belge de développement Enabel met en œuvre le Projet Portefeuille Thématique Climat Sahel (PTCS) dans deux régions au Niger, Tahoua et Dosso. Un des résultats du projet est la promotion des pratiques agroécologiques, agroforestières et systèmes agropastoraux durables et résilients. Le modèle des sites de formation, un dispositif développé ces dernières années par les Chambres d’Agricultures du Niger et ses partenaires, est un des outils mobilisés par Enabel pour promouvoir les pratiques agroécologiques au sein des exploitations agricoles. Zoom sur ce dispositif et sur les pratiques enseignées.

Des sites de formation pour les jeunes agriculteurs et agricultrices

Le site de formation des jeunes agricultures est un dispositif de formation développé ces dernières années par les Chambres d’Agricultures du Niger avec l’appui de ses partenaires.

Un site de formation est un espace à ciel ouvert (champ) où sont installées les cultures d’apprentissage avec des éléments nécessaires pour conduire une formation sur les cultures au moins pendant une campagne. Ce modèle à l’avantage de :

  • Être accessible aux jeunes (femmes et hommes) (site mobile, proche des jeunes) ;
  • Avoir un coût acceptable (100 000 FCFA par apprenant par cycle de 4 à 5 mois) ;
  • Offrir des formations axées sur les filières porteuses ;
  • Être compatible avec les périodes de disponibilité des apprenants ;
  • Disposer d’outils de formation déjà disponibles ;
  • Être adapté à la réalité locale ;
  • Contribuer à la réduction de l’exode rural.

La parcelle est mise à la disposition de l’opérateur de formation par un habitant du village pendant la période de formation. Un site de formation se caractérise par :

  • Une source d’eau (puits maraicher ou forage) + équipements d’exhaure ;
  • 22 jeunes (femmes et hommes) de 18-35 ans par site ;
  • La présence d’un formateur ;
  • 2 à 3 séances de cours par semaines car les apprenants sont le plus souvent en situation professionnelle ;
  • Le service d’un repas par jour d’animation ;
  • 2 à 3 cultures ;
  • Un comité de gestion du site composé des jeunes ;
  • Des équipements et intrants nécessaires à la conduite des cultures irriguées ;
  • Les enseignements des compétences et éléments de compétences selon les cultures retenues ;
  • La durée de la formation correspond à la durée du cycle de culture (autour de 5 mois) ;
  • Des outils de suivi/ évaluation (fiches de suivis de fréquentation).

L’expertise des Chambres d’Agricultures pour accompagner ce dispositif de formation

Enabel, après analyse des différents modèles de dispositif en présence dans sa zone d’intervention, a opté pour le modèle des sites de formation des jeunes agriculteurs. Elle a donc sollicité l’expertise des Chambres d’Agriculture de Tahoua et Dosso pour l’accompagner dans la mise en œuvre de cette activité. L’accompagnement sollicité porte sur la révision des outils de formation pour mieux prendre en compte l’agroécologie, la formation des formateurs des prestataires de formation et le suivis dans la mise en œuvre.

Dans la région de Tahoua, c’est l’ONG Action pour le Renforcement des Initiatives de Développement Local (ARIDEL) qui a été sélectionnée par Enabel pour la conduite des sites de formation.

Pour la campagne maraichère 2024-2025, de novembre à avril ce sont 12 sites répartis dans 4 communes qui sont installés. 234 jeunes apprenants de 18 à 35 ans dont 34 filles (14%) sont en formation, la participation est volontaire et est motivée par la possibilité de répliquer dans les champs les connaissances apprises pendant la formation.

Ces jeunes sont, pour la plupart, des producteurs pratiquants, ils sont soit autonomes, donc gèrent leurs propres exploitations, ou sont dans les exploitations familiales. Le choix des cultures a été fait par les jeunes et pour cette première cohorte de formation, pour la plupart des sites, ils ont opté pour la culture d’oignon et le chou. Ces deux cultures sont les principales cultures maraichères dans la zone, ces cultures sont destinées essentiellement à la vente, elles constituent les principales sources de revenus pour les ménages.

Quelles sont les pratiques agroécologiques enseignées sur les sites de formation des jeunes ?

Dans la zone d’intervention du projet à Tahoua, les pratiques des agriculteurs sur les cultures maraichères se caractérisent par une forte utilisation des fertilisants chimiques, une utilisation non contrôlée des pesticides tout venant pour protéger les cultures, une faible valorisation de la matière organique et une pratique de mono culture sur les parcelles.

Pour la promotion des pratiques agroécologiques, agroforestières et systèmes agropastoraux durables et résilients dans les exploitations agricoles, les fiches de compétences des cultures pour mieux prendre en compte l’agroécologie sur les sites de formation des jeunes ont été révisées.

  • La valorisation de la matière organique pour améliorer la fertilité du sol, est une compétence phare dans le cadre de cette formation. Les jeunes sont formés sur les avantages, la production et l’utilisation du compost. L’accent a été mis sur la technique de production du compost aérien, moins pénible et dans un temps acceptable, 4 semaines, visant à réduire l’utilisation des fertilisants chimiques, réduction des charges d’exploitation, amélioration de la qualité de la production, de la santé du sol. C’est une des compétences appréciées par les apprenants, car en observant les parcelles avec application du compost et parcelle sans compost les apprenants constatent la différence par rapport à la croissance et au développement des cultures, maintien de l’humidité du sol, moins d’irrigation.
  • La préparation et l’utilisation des biopesticides. Une des contraintes des producteurs, ce sont les attaques des ennemis des cultures, et les producteurs ont recours aux produits tout venant pour traiter les cultures. Dans le cadre de cette formation, l’accent a été mis sur les luttes préventives, la production et l’utilisation des biopesticides à base des produits locaux. Les produits chimiques ne sont utilisés qu’en dernier recours et dans ce cas c’est un produit chimique homologué avec respect strict des modes d’application.
  • L’association des cultures. Dans les cultures principales, des cultures secondaires, telles que le maïs, ont été introduites pour non seulement servir de brise vent mais aussi servir d’ombre aux cultures principales. Une culture comme le maïs va contribuer à l’alimentation de la famille et les résidus de la récolte à l’alimentation des animaux, intégration agriculture-élevage car le plus souvent les revenus issus des productions irriguées servent à l’achat des animaux.
  • La pratique de la régénération naturelle assistée, c’est le repérage et l’entretien des jeunes pousses dans les champs. La pratique est assez développée dans les champs dunaires par les agriculteurs. Il faut donc la promouvoir sur les sites maraichers.
  • La co-création des connaissances à travers l’analyse agroécosystème. Un des éléments d’apprentissage importants dans le cadre de cette formation, est l’observation des cultures dans leur environnement à travers la collecte des données, l’analyse des données collectées et la présentation/échanges et les prises de décision en groupe. En effet, après la reprise des plants, une séance par semaine est consacrée à cette pratique, où les apprenants doivent définir d’avance ensembles des paramètres de mesures qui leur permettent d’apprécier l’état des cultures installées. Ces mesures leur permettent de suivre, de comparer leurs pratiques et les pratiques enseignées, de se prononcer et de dégager des perspectives pour la suite des cultures. Ces séances sont l’occasion d’échanges collectifs, d’éclairages, de partages d’expériences et de prises de décision.

DAN MARAFA Boubacar
Réseau National des Chambre d’Agriculture du Niger
Diplômé MIFAR

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