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Réseau FAR

23
Sep
2024

[Paroles d’acteur] Madagascar / Améliorer l’égalité des chances entre filles et garçons au sein des collèges agricoles Fekama

Des acteurs convaincus – jeunes formés, parents d’élèves, élus, équipes enseignantes… – peuvent devenir de formidables ambassadeurs pour améliorer la situation des femmes au quotidien et faire évoluer les mentalités.” Les collèges Fekama mènent depuis deux ans des actions concrètes pour améliorer l’égalité des chances dans l’accès à la formation : équipe mixte pour le recrutement, mise à jour des règlements intérieurs, amélioration des infrastructures d’accueil, renforcement de capacités des équipes pédagogiques, etc. Un projet encore récent, où l’on perçoit déjà des changements marquants, notamment sur le comportement des filles.
Cette expérience est l'une des 24 initiatives innovantes de prise en compte du genre dans la formation agricole et rurale en Afrique qui a nourri le séminaire international Comment mieux prendre en compte le genre dans la formation agricole et rurale ?, qui a eu lieu du 17 au 19 septembre 2024 à Abidjan. Toutes les expériences

Dans quel contexte se développe l’expérience ?

Fifata, à l’initiative de qui les collèges agricoles Fekama ont été créés avec le soutien de Fert, accorde une attention importante à la place des femmes et des jeunes filles dans le développement des exploitations agricoles et encourage les femmes à prendre davantage de responsabilités au sein des exploitations agricoles et des OP.

30% des jeunes recrutés au sein des collèges agricoles « Fekama » sont des jeunes filles. Parmi celles-ci 40% en moyenne n’achèvent pas leur formation de 3 ans ; elles quittent le centre et abandonnent la formation. Les raisons principales sont souvent les mêmes dans les quatre régions d’installation des collèges agricoles : le mariage et la grossesse précoce survenant au cours du cursus de formation. Ceci ne leur permet plus de poursuivre la formation (déplacement pour suivre le mari, état de santé et aptitude, etc.).

En 2021, Fekama et Fert ont conduit une étude sur le « bien-être des jeunes filles » dans le dispositif de formation agricole et rurale. Il résulte de cette étude de consolider les efforts déjà entrepris et de renforcer les initiatives et propositions d’activités visant à l’égalité des chances entre les filles et les garçons depuis le recrutement jusqu’à la mise en œuvre de la formation et l’exercice de prise de responsabilités. Des actions spécifiques sont menées pour sensibiliser à une meilleure prise en charge des jeunes filles au cours de la formation initiale.

Des jeunes filles en formation

Quelle est la période et la zone d’intervention de l’expérience ?

L’expérience dure depuis 2 années scolaires dans les régions d’implantation des collèges agricoles Fekama (Sofia, Haute Matsiatra, Amoron’i Mania, Alaotra Mangoro) à Madagascar. Une étude avait préalablement été menée en 2021.

Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?

  • Les élus paysans de Fekama. Au travers des conseils d’administration des collèges agricoles, les élus décident des orientations et suivent le bon fonctionnement du dispositif de formation.
  • Les équipes techniques de Fekama. Directeurs, formateurs, et autre personnel des quatre collèges agricoles accompagnés par l’équipe de la coordination Fekama assurent au quotidien le bien être des jeunes depuis le recrutement et pendant la formation en internat.
  • L’organisation paysanne faîtière nationale Fifata et ses organisations membres. Ils sensibilisent chacun à la place des filles et des femmes selon la vision de Fifata. Cet accompagnement se fait au travers de regards paysans et de partage d’expériences, de formations et sessions d’accompagnement et d’études.

Quelles ont été les principales activités menées ?

Renforcement et amélioration de l’égalité des chances des jeunes filles et garçons dans l’accès à la formation

  • Sensibilisation ouverte à tout le monde sans distinction ;
  • Sensibilisation et témoignages d’anciens élèves, et en particulier des filles, sur les conditions d’accueil et de vie des jeunes afin de renforcer leur motivation à postuler ;
  • Amélioration des outils de communication pour le recrutement (affiche, flyers, etc.) prônant l’égalité de chances entre filles et garçons ;
  • Constitution d’équipes mixtes pour le recrutement des jeunes futurs apprenants : i) les parents des jeunes filles, notamment les mères qui se préoccupent de la sécurité de leur enfant surtout en internat, ii) des animatrices dont la présence compte beaucoup pour la sensibilisation et l’entretien avec les filles candidates ;
  • Renforcement de capacités des membres du comité de recrutement sur le bien être des filles dans la formation agricole et rurale.

Amélioration de la vie en internat pour le maintien des jeunes filles dans la formation

  • Mise à jour des règlements intérieurs dans les collèges pour veiller au respect de l’égalité des chances entre filles et garçons ;
  • Renforcement et amélioration des infrastructures d’accueil : construction des infrastructures spécifiques pour les jeunes filles (lavoir séparé des garçons, etc.) ;
  • Diversification des activités de loisirs qui intéressent les jeunes filles (chorale, foot féminin, basket mixte, danse, etc.) ;
  • Traitement sur le même pied d’égalité des tâches ménagères pendant l’internat au collège via des groupes de ménage mixtes et non-répartition des tâches en fonction du genre ;
  • Renforcement de capacités des équipes techniques du centre sur différents thèmes concernant la gestion éducative et l’accompagnement de l’adolescence.

Conduite de la formation tenant compte de l’équilibre entre filles et garçons

  • Conduite de formations théorique et pratique en rupture avec la perception stéréotypée du métier d’agriculteur (telles tâches réservées pour les garçons et telles autres pour les filles) : filles et garçons sont considérés de manière égale dans l’initiation aux innovations techniques (sauf éventuelle limite liée à l’usage de la force physique) ;
  • Renforcement de capacités des équipes pédagogiques afin de créer un environnement d’apprentissage favorables pour les filles et les garçons ;
  • Identification de femmes maîtresses de stages et accompagnement équitable de tous les maîtres de stage (hommes et femmes) dans l’accueil des stagiaires féminins.

Quels résultats avez-vous obtenu ?

  • Des infrastructures construites à l’usage des jeunes filles respectant leur intimité (sanitaires, sèche-linge, lavoir, etc.) ;
  • Des séances d’entretiens spécifiques plus fréquentes entre les jeunes filles et les équipes pédagogiques (écoute, conseils, etc.) ;
  • Diminution des conflits entre élèves et une gestion de l’internat plus facile et mieux organisée que les précédentes années scolaires ;
  • Baisse de l’abandon de la formation pour les jeunes filles ;
  • Évènements organisés avec la participation de tous les jeunes, filles et garçons, au sein du centre durant la célébration de la journée de la femme ;
  • Capacité des équipes pédagogiques renforcées sur le thème de la psychologie des adolescents.

Quels changements auprès des femmes qui ont été formées ?

Le changement le plus marquant auprès des jeunes filles formées est un changement de comportement. Dans la vie quotidienne, les parents remarquent que les jeunes filles prennent plus soin de leur corps, et respectent mieux les règles d’hygiène. Elles deviennent de plus en plus autonomes et prennent des responsabilités de leur propre initiative. Des jeunes filles, sortantes des collèges agricoles, s’impliquent dans la vie familiale (avec leurs parents ou dans leur foyer avec leur conjoint) avec beaucoup plus d’engagement : travail à l’exploitation, intégration dans des groupements/associations, participation à des réunions (église, groupement, villageoise, …) et à diverses formations.

Les parents expriment aussi que dans le cas de jeunes filles timides et renfermées depuis leur enfance, ils constatent grâce au collège plus de communication entre elles et leurs parents, voire avec le voisinage.

A la sortie du collège agricole, le groupe Fifata propose aux jeunes sortants des formations au leadership qui leur permettent d’affronter la vie professionnelle et leur environnement social. Ces formations contribuent à une meilleure prise de parole, une prise de responsabilités progressive et à une meilleure confiance en soi

Quels changements au sein de votre structure ?

La mise en application des activités est encore assez récente. Cependant, pendant les deux années scolaires 2022-2023 et 2023-2024, il a été constaté que le taux d’abandon des jeunes filles a baissé par rapport aux anciennes années scolaire. Plusieurs raisons expliquent cette progression : à ces améliorations effectuées aux niveaux du dispositif de la formation entre autres l’amélioration de la vie à l’internat, le renforcement des activités extrascolaires proposées aux jeunes filles, l’amélioration des conditions de bien-être des jeunes filles qui les rendent plus épanouies.

Quels changements sur votre territoire ?

Les actions entreprises par le groupe Fifata pour encourager la place des femmes dans les exploitations, les organisations paysannes et la société et pour améliorer l’équilibre hommes et femmes portent leurs fruits. Au sein du groupe Fifata, de nombreuses femmes sont présidentes d’associations et un réseau de femmes leaders engagées sensibilisent les autres femmes à prendre des responsabilités.

 Quels sont les conseils que vous donneriez pour mener une expérience telle que celle décrite ?

  1. Bien définir les acteurs concernés sur cette question essentielle de la place des femmes. Dans la formation agricole et rurale, les parents des jeunes formés, et en particulier les mères, tiennent une place importante pour l’accès des jeunes filles à la formation.
  2. La connaissance de la zone d’intervention, avec ses traditions et sa culture, est très importante. A Madagascar, les mentalités sont différentes d’une région à l’autre et les actions à conduire doivent toujours être adaptées au contexte de chaque région.
  3. Les acteurs responsables doivent être sensibilisés, convaincus et renforcés dans cette approche d’une plus grande égalité des chances entre filles et garçons. Les acteurs convaincus (jeunes formés, parents d’élèves, élus, équipes enseignantes…) peuvent devenir de formidables ambassadeurs pour améliorer la situation des femmes au quotidien et faire évoluer les mentalités.
  4. Les dispositifs de réflexion et d’accompagnement sont utiles pour partager les bonnes pratiques et faire converger les efforts dans le même sens dans les différents territoires.
  5. Enfin, il est utile de collaborer avec les autres acteurs (acteurs institutionnels, élus locaux, partenaires technique et financiers…) pour un impact plus large de l’action.

La complémentarité de fille et garçon pendant des travaux pratiques

Rovamalala RASAMIHASIMBOLA
Responsable pédagogique
Collèges Fekama, Madagascar

pedagogie.fekama@gmail.com

 

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