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Réseau FAR

14
Oct
2024

[Paroles d’acteur] Quelle prise en compte du genre par le dispositif de formation agropastorale AFOP ?

Les jeunes femmes formées et insérées par effet d’entrainement et d’atmosphère sont devenues les formatrices relais des autres.” Face à la faible qualification et à l’exode rural, des stratégies spécifiques ont été mises en place depuis 2012 par le dispositif de formation agropastorale rénové AFOP pour inclure davantage de femmes, tant dans le recrutement que dans la formation et l’accompagnement à l’insertion. Des efforts qui conduisent à une meilleure insertion des femmes dans des rôles de chefs d’exploitation, avec une reconnaissance professionnelle, sociale et économique accrue.
Cette expérience est l'une des 24 initiatives innovantes de prise en compte du genre dans la formation agricole et rurale en Afrique qui a nourri le séminaire international Comment mieux prendre en compte le genre dans la formation agricole et rurale ?, qui a eu lieu du 17 au 19 septembre 2024 à Abidjan. Toutes les expériences

Dans quel contexte se développe l’expérience ?

Le diagnostic du secteur agricole et rural du Cameroun en 2005 a révélé :

  • une faible qualification des acteurs ;
  • une faible attractivité des métiers agricoles et ruraux ;
  • un exode rural poussé entrainant le vieillissement de la main d’œuvre agricole ;
  • une faible productivité et production des unités de production ;
  • une inadéquation du dispositif de formation agricole initialement mis en place vers les années 80.

Le programme d’appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche (AFOP) a été mis en œuvre au Cameroun de 2010 à 2023 pour la formation, et de 2015 à 2023 pour l’insertion. Des mesures spécifiques au genre ont été mises en place lors du recrutement, de la formation et de l’insertion par le dispositif de formation agropastorale rénové le programme AFOP.

Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?

  • les ministères (MINEPIA et MINADER) pilotent le dispositif ;
  • les maires assurent la gouvernance, le financement, et l’appui à l’insertion ;
  • les autorités traditionnelles et religieuses assurent la gouvernance et l’appui à l’insertion des jeunes ;
  • les parents pour l’appui à l’insertion (sécurisation foncière) et financement ;
  • les organisations paysannes et les établissements de microfinance, pour l’appui au financement, l’appui à la professionnalisation et la structuration ;
  • les promoteurs, directeurs, formateurs, qui assurent la formation, la vie résidentielle, l’accompagnement à l’insertion, et la sécurisation foncière ;
  • les conjoints, pour l’appui financement, sécurisation foncière.

Quelles sont les principales activités menées ?

Une stratégie propre au genre a été élaborée en 2012 :

Au niveau de la formation

  • Recrutement

    • Fixer les minimas en termes de nombre de femmes à recruter ;
    • Application d’une discrimination positive en faisant le classement par genre à de l’entrée en formation ;
    • Élaboration des démarches et outils spécifiques d’entretien et de positionnement avec prise en compte ces spécificités du genre (accès aux ressources, statut, prise en charge des enfants) ;
    • Introduction dans les plans d’accompagnement des contraintes spécifiques des femmes.
  • Vie résidentielle et formation
    • Organisation de la vie résidentielle dans les dortoirs en prenant en compte la situation des femmes (avec bébé, enceinte) ;
    • Développement de la solidarité entre apprenants pour donner l’occasion aux femmes de faire les TP et autres séances lors de la formation (bébés de la promotion) ;
    • Formation des femmes à la prise de parole lors des restitutions des séjours en MSP.

Au niveau de l’insertion

  • Accompagnement spécifique des projets portés par les femmes
    • Intégrer lors de l’accompagnement la levée des contraintes spécifiques aux femmes comme : (i) l’accès aux facteurs de production (terres, semences, main d’œuvre) ; (ii) les discriminations sociales liées parfois à la prise de parole et (iii) l’accès au système financier.

Centre de formation AFOP (CIIDE, Ngalla) – Mise en place d’un projet de renforcement des capacités des femmes dans la culture durable du bananier plantain

Quels résultats avez-vous obtenu ?

  • Environ 5000 jeunes formés, issus du dispositif des centres, ont été accompagnés dont 36% de femmes ;
  • Insertion professionnelle : 38% de femmes formées insérées ;
  • Des démarches et des outils de formation élaborés qui prennent en compte le genre ;
  • Structuration des jeunes insérés dans les bassins de production avec 33% de femmes membres des coopératives ;
  • Le développement d’une stratégie de l’éducation financière ;
  • Formation des jeunes et particulièrement les femmes sur la protection de l’environnement ;
  • Des causeries éducatives ont été organisées avec les jeunes filles sur les thématiques qui peuvent être un frein au développement de leur projet il s’agit notamment du : i) mariage : les conséquences de l’instabilité conjugale sur la mise en œuvre du projet, ii) le planning familial pour attirer leur attention sur la charge familiale, iii) l’accès et la sécurisation du foncier des jeunes filles.

Quels changements auprès des femmes qui ont été formées ?

Des changements sont observés dans les pratiques. Les femmes formées et insérées bénéficient de 5 types de reconnaissance :

  1. Reconnaissance professionnelle ;
  2. Reconnaissance économique ;
  3. Reconnaissance sociale ;
  4. Reconnaissance territoriale ;
  5. Estime de soi.

Quels changements au sein de votre structure ?

  • Dans les effectifs de moniteurs avec 40% de monitrices ;
  • 45% de monitrices sont conseiller à l’insertion ;
  • Les femmes sont impliquées dans les organes de gouvernance à tous les niveaux (central et déconcentré) avec plus de la moitié des femmes qui occupent des postes de gouvernance ;
  • Aménagements spécifiques dans les centres de formation pour loger les femmes mères ou enceintes.

Quels changements sur votre territoire ?

  • Les jeunes femmes sont des cheffes d’exploitation, créatrices de richesse et d’emploi ;
  • Le leadership féminin s’est amélioré dans les territoires, avec une résilience reconnue des acteurs ;
  • Les jeunes femmes insérées qui sont cheffes d’exploitation produisent des cultures pérennes initialement réservées aux hommes comme le palmier à huile, le cacao, le gros et bétail.
  • Les jeunes femmes formées et insérées par effet d’entrainement et d’atmosphère sont devenues les formatrices relais des autres.

 Quels sont les conseils que vous donneriez pour mener une expérience telle que celle décrite ?

  1. Exploiter l’opportunité de la formation et insertion des femmes pour aborder efficacement les thématiques en lien avec l’agroécologie et l’éducation des femmes ;
  2. Concevoir des démarches et outils de formation et insertion qui prennent en compte les spécificités des femmes ;
  3. Prendre en compte, dans l’amélioration du cadre de vie dans les structures de formation, les constructions qui intègrent la situation des femmes (crèche, dortoirs, cuisine, etc.)
  4. Développer des modules de formation qui intègrent l’accès des femmes aux ressources de l’exploitation (foncier, semences, main d’œuvre, etc.)
  5. Utiliser la discrimination positive pour faire des actions très spécifiques aux femmes

Pierre-Blaise ANGO
Coordonnateur Afop
Membre du conseil consultatif du Réseau FAR
angopb@yahoo.fr

 

 

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