[Paroles d’acteurs] Le réseau FARSEN vu par son président
“Fédérer les acteurs autour des défis et enjeux majeurs de la Formation Agricole et Rurale“. Dr. Abdou Khadre Fall, enseignant chercheur et président de FARSEN, partage son regard sur ce réseau multi-acteurs : son ambition, ses acquis et ses projets à venir.
Le Réseau Formation Agricole et Rurale « FARSEN » se veut “une plateforme de référence au service des acteurs pour la rénovation des dispositifs de formation et d’insertion agricoles et rurales” pouvant contribuer à “fédérer les acteurs autour des défis et enjeux majeurs de la FAR pour le repérage, la valorisation et la diffusion des expériences et savoirs innovants des dispositifs de formation et d’insertion”.
Pourquoi ce réseau est né ?
Le Réseau Formation Agricole et Rurale Sénégal a pour objectif principal de rassembler l’ensemble des acteurs de la formation agricole et rurale pour entre autres (1) mutualiser les pratiques et les connaissances en la matière, (2) appuyer les membres dans les problématiques FAR au sein des établissements de formation professionnelle, des exploitations agricoles et au-delà. Il cherche à organiser, en collaboration avec tous les partenaires, des rencontres d’échange et de partage en appuyant les structures membres pour un pilotage partagé et une régulation participative de la FAR au Sénégal. Le FARSEN travaille pour promouvoir toutes les initiatives concernant la FAR au plan national et international, dans le cadre des politiques e d’information, d’éducation et de formation pour l’agriculture et le développement rural. Il favorise la diffusion et la compréhension des lois, des textes et toutes initiatives sur la FAR afin de conduire des travaux d’études et d’analyse sur les dispositifs de formation professionnelle agricole et rurale.
Quand et comment est né le réseau ? Qui sont ses membres ?
Le Réseau formation agricole et Rurale du Sénégal (FARSEN) résulte d’un long processus de réflexion et d’analyse collective et participative portant sur le système national de formation agricole au Sénégal qui a démarré depuis le début des années 1990. Ce processus, soutenu par des partenaires techniques et financiers, dont les coopérations française et suisse ainsi que la Banque Mondiale, a produit des orientations et stratégies de formation sous-tendues par une vision prospective des agricultures et des économies rurales dans un document dénommé Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR) élaborée et adoptée en 1999 et consolidée en 2005. Le développement des exploitations agricoles familiales était la finalité implicite de l’approche FAR.
Avec la mise en place formelle du Réseau FAR Sénégal en 2008, Le FARSEN obtient son récépissé le 08 avril 2016. Il intègre un processus plus large au plan international débuté en 2005 à Ouagadougou (Burkina Faso) et qui a abouti à la mise en place d’un Réseau FAR International qui s’est mué en association par la suite.
Le FARSEN est ouvert à toute personne physique et/ou morale signataire de la déclaration d’engagement (ONG, Société civile rurale, GIE, Coopératives, Groupement de producteurs, Groupement féminins, structures et services de formation etc.), ayant des compétences et des qualifications reconnues en matière de formation, de conseil, d’appui au monde agricole et rural ou toute autre personne intéressée par les objectifs du réseau et qui s’engage à respecter les textes le régissant. Il regroupe des personnes morales et physiques.
Qu’est-ce que le réseau a changé dans son pays ?
La création et le fonctionnement de FARSEN a permis entre autre, la création d’équipes de travail et de recherche. Ces équipes de recherche sont composées d’enseignants- chercheurs des universités et instituts du supérieur, des étudiants, des producteurs agricoles, des techniciens du développement rural, des conseillers municipaux et départementaux autour de véritables problématiques de développement à la base.
FARSEN a permis une jonction de tous les acteurs de la FAR et une implication réelle des universités dans certaines thématiques de développement à la base.
Quel bilan tirez-vous de plus de 12 ans d’existence ?
Un regard critique permet de dire que FARSEN reste une structure qui est souvent invitée et sollicitée à participer à toutes les rencontres de réflexion sur la FAR au Sénégal mais aussi à s’impliquer à la mise en place de projet et programme de développement.
Il a permis la mise en relation et une synergie d’action les structures de formation, les producteurs agricoles, les chercheurs, les étudiants et les autorités locales. Il a contribué à la concrétisation de certains aspects de la LAOSP.
Comment voyez-vous vos relations avec le réseau international ?
Le Réseau international FAR est un partenaire incontournable à travers ses ressources humaines qui sont dans tous les pays membres mais aussi avec son appui financier à travers ADEX FAR.
L’appui du réseau a été toujours constant. C’est l’occasion de remercier le bureau et le secrétariat exécutif du Réseau FAR pour avoir accepté de financer notre projet de capitalisation de la formation des producteurs au niveau de la vallée du fleuve Sénégal en 2021.
Y a-t-il un exemple de réussite qui peut être partagée?
Grâce à l’appui du réseau FARSEN et du Bureau de la Formation Professionnelle Agricole (BFPA), un financement a été trouvé pour renforcer les capacités en ingénierie de formation des enseignants de l’Institut supérieur de formation agricole et rurale (ISFAR) en 2007 et ceux de l’Ecole Nationale Supérieure d’Agriculture (ENSA) vers 2008. FARSEN a participé activement au processus de mise en place d’une licence en conseil agricole et d’un master en développement rural au Sénégal.
FARSEN a activement participé à toutes les phases de l’élaboration du master en ingénierie de formation agricole et rurale (MIFAR).
FARSEN a été l’une des premières structures du Réseau international FAR à mettre en place un plan stratégique de développement. L’élaboration et l’adoption du plan stratégique ne seraient possibles sans le soutien financier déterminant du Réseau FAR. Qu’il en soit remercié très sincèrement.
Cependant, la mort brusque de Abdourakhmane Faye le premier président de FARSEN nous a beaucoup bouleversé en avril 2020.
Y a-t-il une chose à améliorer ?
Il faut noter que les réseaux nationaux ont rencontré des difficultés de fonctionnement malgré la volonté des acteurs de la formation agricole et rurale.
Le fonctionnement d’une association dont les membres travaillent bénévolement est toujours difficile. FARSEN doit travailler plus pour améliorer sa communication interne et externe, sa visibilité et viabilité financière. Sa viabilité financière ne pourra être durable qui si notre association est capable de lever des fonds en s’appuyant sur les structures qui financent le développement, à travers un partenariat fécond et gagnant avec certains acteurs de la FAR.
Points focaux Sénégal pour le Réseau FAR
Dr Abdou Khadre FALL
khadre.fall@uadb.edu.sn
Président du réseau national FARSEN