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Réseau FAR

12
Fév
2025

[Paroles d’apprenante] Quelle adéquation entre l’offre de formation en agroécologie et les besoins réels au Cameroun ?

Cette étude met en évidence l’importance d’une planification centrée sur les besoins des bénéficiaires, l’intégration des savoirs locaux, et une coordination accrue entre les parties prenantes“. Marie-Céline MEIFOU a soutenu son mémoire du master MIFAR en décembre 2024. Son étude analyse les programmes de formation en agroécologie au Cameroun, notamment le PAEFAC, le PCP-ACEFA et le PCP-AFOP. L’objectif était d’évaluer l’adéquation entre les contenus de formation, les besoins des bénéficiaires, et les spécificités locales, tout en identifiant les forces et les limites de chaque programme. Elle nous partage ses impressions et les points clés de l’étude.

Quelle problématique avez-vous souhaité explorer ?

L’agriculture occupe une place essentielle dans l’économie camerounaise, employant plus de 60 % de la population et contribuant de manière significative au PIB national. Cependant, ce secteur fait face à plusieurs défis majeurs : dégradation des sols, baisse de la fertilité, changements climatiques, et dépendance aux intrants chimiques. Face à ces problématiques, l’agroécologie apparaît comme une alternative durable, capable de restaurer les sols, d’améliorer la résilience des exploitations agricoles et de garantir la sécurité alimentaire.

Toutefois, l’adoption des pratiques agroécologiques par les agriculteurs camerounais reste limitée. Un des facteurs expliquant cette situation est l’inadéquation entre l’offre de formation en agroécologie, les besoins des bénéficiaires et le contexte socio-économique local.

C’est dans cette optique que mon mémoire s’intéresse à la question suivante : Dans quelle mesure les programmes de formation et les approches pédagogiques en agroécologie au Cameroun sont-ils conçus pour répondre efficacement aux besoins spécifiques des bénéficiaires tout en prenant en compte les particularités de leur contexte socio-économique et environnemental ?

Pour répondre à cette problématique, j’ai analysé trois programmes de formation en agroécologie :

  1. PAEFAC (Projet de Promotion de l’Agroécologie dans les Exploitations Familiales Agropastorales du Centre) – approche basée sur des séminaires alternant théorie et pratique, avec une durée moyenne de deux jours.
  2. PCP-ACEFA (Programme de consolidation et de Pérennisation du conseil Agropastoral) – approche participative favorisant le partage d’expériences entre producteurs.
  3. PCP-AFOP (Programme d’Appui à la Formation Professionnelle Agricole) – approche pédagogique constructiviste visant à coconstruire les savoirs agroécologiques avec les agriculteurs.

L’objectif de cette recherche est d’identifier les forces et les faiblesses de ces formations et de proposer des recommandations pour une meilleure adaptation des formations aux besoins des producteurs.

Pouvez-vous nous partager les principaux résultats de votre analyse ?

Les résultats de mon analyse ont mis en évidence plusieurs éléments clés :

  • une disparité des approches pédagogiques utilisées
    • PAEFAC privilégie une approche transmissive, axée sur la diffusion de savoirs techniques. Cependant, cette méthode reste limitée en raison de son faible ancrage dans les réalités locales des agriculteurs.
    • PCP-ACEFA repose sur des échanges entre producteurs, valorisant les savoirs locaux. Toutefois, le programme souffre d’un manque de structuration et d’outils pédagogiques formalisés.
    • PCP-AFOP adopte une approche constructiviste bien structurée, favorisant une meilleure appropriation des savoirs. Cependant, il manque de ressources financières et logistiques pour assurer un suivi efficace.
  • un écart entre l’offre de formation et les besoins des bénéficiaires
    • Les attentes des agriculteurs sont diverses : augmentation des rendements, réduction des coûts de production, transition vers des pratiques durables, mais aussi amélioration des revenus.
    • Les formations ne prennent pas suffisamment en compte les réalités socio-économiques des bénéficiaires. Par exemple, certains modules ne traitent pas des obstacles économiques à l’adoption des pratiques agroécologiques.
    • Un manque de flexibilité pédagogique : les méthodes d’enseignement ne sont pas toujours adaptées aux contraintes des agriculteurs, notamment leur disponibilité et leur niveau d’instruction.
  • un impact des formations sur l’adoption des pratiques agroécologiques
    • Certaines pratiques connaissent une adoption relativement satisfaisante : l’utilisation des biofertilisants et l’association des cultures pour améliorer la fertilité des sols.
    • D’autres pratiques peinent à être adoptées en raison de barrières économiques ou culturelles : le compostage reste marginal dans certaines zones à cause du manque de matériel et de formation. La substitution de la farine de poisson par la farine d’asticots est limitée par des freins socioculturels.
    • Les formations sont plus efficaces lorsqu’elles intègrent une approche participative et un accompagnement post-formation.

En conclusion, bien que les formations en agroécologie au Cameroun présentent des avancées intéressantes, elles souffrent encore de plusieurs limites qui freinent leur impact réel sur l’adoption des pratiques agroécologiques.

Comment allez-vous vous approprier ces résultats dans votre pratique ?

Les résultats de cette recherche vont m’aider à orienter mon engagement professionnel et académique vers des actions concrètes pour améliorer la formation en agroécologie.

  • Militer pour des formations plus adaptées
    • Sensibiliser les décideurs et les acteurs de la formation agricole sur l’importance d’adapter les contenus pédagogiques aux réalités socio-économiques des agriculteurs.
    • Promouvoir l’intégration des savoirs locaux dans la conception des programmes.
  • Amélioration des contenus et des approches pédagogiques
    • Introduire des méthodes plus participatives pour favoriser l’appropriation des connaissances par les bénéficiaires.
    • Encourager les échanges entre agriculteurs afin de valoriser les expériences et les connaissances locales.
    • Concevoir des modules de formation plus flexibles, adaptés aux contraintes des producteurs (ex. formations sur le terrain, supports audiovisuels pour les non-lettrés).
  • Mise en place d’un accompagnement post-formation
    • Développer des dispositifs de suivi pour évaluer l’impact des formations sur l’adoption des pratiques agroécologiques.
    • Mettre en place des plateformes d’échange (forums, groupes WhatsApp, réseaux locaux) pour renforcer le partage d’expériences et le soutien technique.
  • Travail en réseau avec d’autres acteurs du secteur
    • Collaborer avec les ONG, les centres de recherche et les structures de formation pour mutualiser les efforts et optimiser les ressources.
    • Renforcer les liens avec les organisations paysannes afin d’ancrer les formations dans le tissu socio-économique local.

En intégrant ces recommandations dans ma pratique, je souhaite contribuer à une amélioration durable de la formation en agroécologie au Cameroun. L’objectif étant de rendre ces formations plus accessibles, plus pertinentes et mieux adaptées aux réalités des bénéficiaires, afin de favoriser une transition agroécologique plus efficace.

L’aventure MIFAR, c’était comment ?

Le MIFAR a été une expérience très enrichissante. Grâce à cette aventure j’acquis des expériences nouvelles, j’ai fait de nouvelles connaissances avec des personnes disponibles et accueillantes. Malgré son intensité, le MIFAR nous a offert une aventure formidable. Et je ne peux que être heureuse d’avoir eu la chance d’y participer.

Marie-Céline MEIFOU DJEUMANI
Diplômée du master MIFAR
mariecelinemeifou@gmail.com

 

 

Analyse de l’adéquation entre l’offre de formation en agroécologie, les besoins réels des bénéficiaires et le contexte au Cameroun

Marie-Céline MEIFOU DJEUMANI. Ce mémoire analyse les programmes de formation en agroécologie au Cameroun, notamment le PAEFAC, le PCP-ACEFA et le PCP-AFOP. L’objectif principal est d’évaluer l’adéquation entre les contenus de formation, les besoins des bénéficiaires, et les spécificités locales, tout en identifiant les forces et les limites de chaque programme..
Accéder au mémoire

 

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