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Réseau FAR

15
Juil
2024

[Paroles d’entrepreneur] Briser l’écart entre la formation professionnelle et les besoins des entreprises agricoles au Cameroun

Dès le début de notre aventure entrepreneuriale, nous avons pensé que la formation était à la base du développement du secteur agricole de notre pays. Cependant, la formation agricole, notamment au niveau universitaire, a connu de profonds changements au cours de la dernière décennie. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’en établir un portrait et d’en identifier les principaux enjeux.” Magloire Ngnitedem, est un entrepreneur agricole digital au Cameroun qui questionne la qualité des formations agronomiques au Cameroun, et l’essor récent des formations publiques et privées. Il nous offre son regard sur l’entrepreneuriat et la formation agronomique au Cameroun, et nous partage l’étude menée par son entreprise AgricAdvisors sur ce sujet.

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Je suis Magloire Ngnitedem, ingénieur agronome avec plus de 15 ans d’expérience professionnelle. J’ai travaillé dans le développement et la vulgarisation de nombreuses innovations au Cameroun et dans plusieurs pays d’Afrique. Aujourd’hui, je me suis lancé dans l’entrepreneuriat avec AgricAdvisors où nous développons des solutions écologiques pour une agriculture durable en Afrique.

Peux-tu nous parler de l’entreprise que tu as développé ?

AgricAdvisors est parti de la volonté de faire les choses différemment et d’apporter un plus à ce qui se fait actuellement. Nous avons réalisé de nombreuses études pour identifier les leviers du développement de notre agriculture et avons choisi de nous attaquer à certains enjeux tels que la formation, le renforcement des capacités, le développement d’outils professionnels et le support au développement des entreprises agricoles.

Comme toute jeune entreprise dans notre domaine, nous sommes confrontés aux challenges liés à l’entrepreneuriat dans le domaine agricole. On peut citer entre autres le financement, le support à l’innovation et l’environnement des affaires agricoles. Cependant, nous avons une forte capacité de résilience et comptons sur une équipe dynamique et engagée.

Comment se positionne ton entreprise par rapport à la formation et à l’insertion ?

Dès le début de notre aventure entrepreneuriale, nous avons pensé que la formation était à la base du développement du secteur agricole de notre pays. Cependant, la formation agricole, notamment au niveau universitaire, a connu de profonds changements au cours de la dernière décennie. C’est pour cette raison que nous avons décidé d’en établir un portrait et d’en identifier les principaux enjeux.

Accéder à l'étude

Notre « Programme Nouveau Diplômé » se positionne entre la formation académique et le monde professionnel et donne aux apprenants les bases pour une insertion professionnelle réussie. En plus des formations théoriques sur l’insertion et le développement professionnel, les apprenants sont immergés dans des projets concrets leur permettant de développer certaines des compétences clés recherchées par les employeurs. On peut citer entre autres l’autonomie, créativité, la proactivité, le travail en équipe, maitrise des outils digitaux et du travail à distance.

Quel regard portes-tu sur l’agribusiness au Cameroun ?

L’agriculture camerounaise n’a pas beaucoup évolué depuis la fin de mes études en agronomie. L’accent est mis dans les programmes gouvernementaux et pour encourager les jeunes à se lancer en agriculture. Cependant comme me l’a rappelé l’un de nos apprenants, peu d’efforts sont mis pour encourager et supporter ceux qui ont volontairement choisi l’agriculture comme métier. De plus, on a tendance à résumer l’entrepreneuriat agricole à la création de fermes ou d’exploitations agricoles, laissant de côté toutes les autres opportunités de la chaine de valeur qui permettrait à un jeune de vivre pleinement de son métier.

On sait que dans la plupart des pays, le secteur privé et principalement les petites entreprises sont les moteurs de l’innovation. De nombreux jeunes sont porteurs de projets ambitieux qui pourraient avoir un réel impact dans notre pays. Mais ces derniers sont confrontés au manque de financement, d’accompagnement et surtout un environnement des affaires ne leur étant pas favorable. Je pense que si on continue de faire les mêmes choses, on obtiendra les mêmes résultats.

Comment se positionne ton entreprise face aux impératifs de sécurité alimentaire et d’une agriculture durable et résiliente ?

La plupart des jeunes agronomes sont très portés sur le développement durable et c’est déjà une bonne chose. Le challenge réside cependant au niveau de la faisabilité quand il s’agit de concilier la dimension environnementale avec les aspects économiques et sociaux dans les différentes activités agricoles.

Le développement durable occupe une place centrale dans tous nos projets. Nous initions ainsi nos apprenants à certains principes du développement durable, notamment l’accès à la connaissance et la prise en compte des différentes parties prenantes dans nos projets. Nous mettons aussi un accent sur à l’aspect pratiques et durable de nos solutions. Nous avons constaté une forte implication des femmes dans nos différentes cohortes et continuons de les encourager à y participer.

En plus de soutenir la relève agricole, nous développons aussi de courts modules de formation sur l’utilisation responsable et raisonnée des produits phytosanitaires et faisons la promotion des méthodes de lutte alternatives sur notre plateforme digitale. Le but est non seulement de promouvoir une agriculture durable et plus respectueuse de l’environnement, mais aussi améliorer la sécurité des aliments que nous consommons.

Tes projets pour la suite ?

Nous avons déjà formé une dizaine de récents diplômés et les retours sont encourageants. Deux de nos anciennes recrues ont d’ailleurs activement participé à notre récente étude sur la formation agronomique au Cameroun. Des partenariats sont en cours avec les établissements de formation professionnelle et sommes en discussion avec des entreprises qui peinent à trouver des personnes qualifiées pour leurs différents projets.

Ayant constaté un fort intérêt pour les formations sur notre solution digitale, nous voulons également poursuivre le développement de notre application mobile iGrow by AgricAdvisors qui aujourd’hui est une plateforme d’information, de formation et de sensibilisation sur la protection des cultures. L’application mobile iGrow by AgricAdvisors permet le diagnostic par image des problèmes phytosanitaires. C’est aussi le premier et le seul catalogue bilingue en version numérique des produits phytosanitaires homologués au Cameroun

Magloire NGNITEDEM
Ingénieur agronome,
MBA
Site internet : www.agricadvisors.com
agronomist@agricadvisors.com

 

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