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Tchad

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État des lieux de la formation agricole et rurale

Formation des agents et cadres

Les dispositifs de formation des agents et cadres, publics et privés, demeurent marqués par les choix du passé, c’est-à-dire tournés vers la production d’employés du secteur public. En effet, « les systèmes de formation mis en place au lendemain de l’indépendance ont privilégié les formations longues, diplômantes et orientées vers le secteur « moderne » (secteur d’État et grandes entreprises publiques ou parapubliques), afin de former les personnels nécessaires à la création de l’appareil de l’État ainsi qu’à l’encadrement des producteurs, essentiellement pour le développement des exportations (coton, bétail sur pied) » . « Les diplômés étaient absorbés de manière automatique par la fonction publique dont l’une des caractéristique est l’absence d’objectif de carrière (…) et le privilège donné au rang de l’individu au détriment du travail à accomplir »

D’une manière générale, des dispositifs publics et privés se développent. Ils dispensent presque exclusivement des formations initiales professionnelles et Techniques, organisées sur un mode typiquement disciplinaire, très souvent sans lien avec l’emploi. Le développement de ces dispositifs parait fortement orienté vers un public captif de bacheliers dont le nombre est sans cesse croissant : ‘’3000 diplômés de l’enseignement supérieur contre 400 nouveaux emplois de cadres, en 2004, pendant que 62% des individus entrent dans la vie active sans avoir un enseignement primaire complet, alors que ceci constitue le socle minimum pour permettre des gains de productivité du travail dans le secteur informel de l’économie.

Déjà en 2005, le diagnostic concerté, réalisé à l’issue de l’atelier du COPIEC des 21, 22, 23 juin , relève que les dispositifs de formation professionnelle et technique agricole existants, tant publics que privés, présentent entre autres faiblesses « 1- La fragmentation entre plusieurs ministères ; 2- Le cloisonnement ; 3- La faible proximité avec le milieu professionnel ; 4- l’absence de relation avec la demande et la recherche agronomique ; 5- l’absence de rénovation des programmes ; 6- l’insuffisance des formateurs qualifiés, de formation continue des enseignants, des infrastructures d’accueil et d’équipements (.. ); 7- l’émergence des dispositifs de formation privés et informels, en l’absence d’un cadre règlementaire approprié (…) ; 8- L’absence de politique globale de formation agricole et rurale, adaptée aux réalités de l’emploi et de l’auto-emploi rural à court, moyen et long terme ».
Pendant ce temps les dispositifs de formation des producteurs tombent en obsolescence faute de ressource et surtout de navigation à vue.

Formation des producteurs

Les formations des Producteurs connues, sont majoritairement dispensées dans le cadre des dispositifs de diffusion d’informations et d’innovations des différents systèmes de vulgarisation appliqués au Tchad. Habituellement, elles sont à caractère essentiellement technique de production et se préoccupent peu ou pas de la pluriactivité, en tant que système dans lequel évoluent la plupart des ruraux. Toutefois, les Centres de Formation Professionnelle Agricole (CFPA), devenus par la suite Centres de Formation et de Promotion Rurale (CFPR) ainsi que certaines ONG, ont également assuré la formation des producteurs : les thèmes relatifs aux compétences transversales ont été développés, notamment la vie associative, la planification participative, la protection de l’environnement, la recherche de financement, communication…
D’une manière générale, ces formations restent liées à la mise en œuvre des projets et n’ont touché qu’une très faible proportion des producteurs. À chaque fin de projet, les appuis et le suivi des formés se réduisent, voire cessent.

État analytique des structures de formations existantes

L’identification formelle des structures de formation existante n’a pas été réalisée. Toutefois, elles existent et se développent sans orientations et contrôles avérés

Formation des Agents et Cadres

Initiatives de promotion concertée des formations professionnelles

CONEFE

Depuis 1999, il existe une Stratégie Nationale d’Éducation et de Formation en liaison avec l’Emploi (EFE) et une structure de pilotage de cette stratégie : le Comité National d’Éducation et de Formation en liaison avec l’emploi (CONEFE), créé en 1993.

Le CONEFE dispose d’un Secrétariat Exécutif Permanent qui dispose d’une Cellule de Concertation et de Coordination (CCC) et de deux organes techniques : l’Observatoire de l’Éducation et de Formation en liaison avec l’Emploi (OBSEFE) et le Fonds National d’Appui à la Formation Professionnelle et à l’Apprentissage (FONAP).Ce dernier intervient dans le cadre du financement de la formation des producteurs ruraux tandis que l’OBSEFE et la CCC agissent au niveau opérationnel (appui technique, traitement des dossiers, mise en œuvre sous la supervision du Secrétariat Exécutif)

COPIEC

Le Comité Pédagogique Inter – École (COPIEC), créé par arrêté interministériel n°021/MA/ME/MEE/2001 du 07 mars 2001, est initié et appuyé par le Projet de Renforcement des Capacités Rurales : RENCAR . L’appui du RENCAR au COPIEC visait, d’une part, le renforcement des concertations et des synergies entre les établissements de Formations Professionnelles Techniques Publiques (notamment l’ETA et l’ENATE ) ainsi que l’élargissement de leurs missions, et d’autre part le renforcement des relations de ces établissements avec la profession (Organisations des Producteurs Ruraux).

Dans sa conception, le COPIEC est identifié à la fois comme (1) un espace d’échanges et de promotion de partenariats entre acteurs des Formations Agricoles et Rurales ; (2) un instrument d’aide à la décision en matière de création ou de rénovation des dispositifs de Formations Professionnelles et techniques Agricoles et Rurales. Il est composé de 12 membres : 03 Directeurs d’établissements publics (ETA, ENATE, CFFM ); 03 Chefs de Division Formation ; 02 Représentants des formateurs (ETA, ENATE) ; 02 Représentants des Organisations professionnelles faîtières d’agriculteurs et d’éleveurs ; 02 Représentants des élèves (ETA, ENATE).
Le COPIEC a réalisé un diagnostic concerté des dispositifs de formation professionnelles et techniques agricoles lors d’un atelier en juin 2005, assorti de six constats: (i) l’absence d’une politique globale de formation ; (ii) l’absence de lien avec les acteurs professionnels et la recherche ; (iii) l’insuffisance des ressources et personnel qualifié ; (iv) la méconnaissance des besoins du terrain ; (v) le développement d’offre issu du secteur privé qui échappe au contrôle de l’Etat.

Les informations disponibles à l’issue de ce diagnostic n’ont pas été valorisées dans un processus d’élaboration d’une Stratégie Nationale de Formation Agricole et Rurale (SNFAR), expression d’une volonté politique, pour solliciter des appuis conjoints et coordonnés des coopérations bi et multilatérales.

CNCPRT

Les Acteurs Ruraux structurés sont de mieux en mieux associés à la planification des actions et l’élaboration des politiques qui les concernent. En effet, les Organisations des Producteurs Ruraux (OPR) jouent un rôle de plus en plus important dans le développement rural : Gestion des intrants agricoles ; Marché Auto Géré ; Infrastructures socioéducatives; Puits pastoraux et villageois ; Périmètres irrigués… Aujourd’hui, un nombre appréciable d’OPR est regroupé au sein du Conseil National de Concertation des Producteurs Ruraux du Tchad (CNCPRT).

Le CNCPRT jouit d’une forte audience auprès des institutions de la Républiques. Il s’est progressivement constitué à partir de 2002, avant d’organiser des concertations dans 18 régions en 2004. Il regroupe plus de 40 000 organisations de producteurs, réparties dans 22 régions. Son objectif principal est de fédérer l’ensemble des OPR du Tchad dans la perspective de conforter son envergure Nationale/Internationale et assurer la Promotion de l’Agriculture familiale, la défense des intérêts des OPR ainsi que leur Représentation . L’un des rôles du CNCPRT, en l’occurrence celui de représentation, est reconnu officiellement à travers sa participation au Conseil Économique, Social et Culturel (CESC) et au Comité Technique de Suivi (CTS) de l’exécution du PIDR. Aussi est-il l’instance de concertation consultée pour l’élaboration et la révision du Programme National de Sécurité Alimentaire (PNSA) et pour la révision la Stratégie Nationale de Croissance et de Réduction de la Pauvreté (SNRP). Il est membre du conseil d’administration de l’Institut Tchadien de Recherche Agricole pour le développement. Il participe à des organisations : Forum National sur le développement rural (2012), Atelier sur les effets du changement climatique et Atelier des utilisateurs de la recherche (juillet 2012).Il a créé un collège de femmes pour des questions spécifiques aux femmes.

Aussi, conduit-il des actions de plaidoyer en faveur des producteurs ruraux et son positionnement politique permet d’influencer certaines politiques et programmes de développement. Il est identifié comme le point focal du réseau des acteurs de la formation dans le cadre de l’Université Internationale Terre Citoyenne dont le projet est en cours d’élaboration. Il devrait réaliser des actions de formation dans les domaines suivants : changements climatiques, approche du développement local en lien avec les visions du développement des Etats et des bailleurs, la gestion des terres ,la formation des leaders en techniques de négociation, de plaidoyer et de lobbying, le commerce des produits agricoles et le programme d’ajustement structurel.
Enfin, le CNCPRT a élaboré, négocié obtenu un financement et mis en ouvre un Plan de Formation des ‘’Leaders Paysans’’, sur les Thèmes : (1) Évolution des Politiques et Stratégies Gouvernementales en matière de Développement Rural: Rôles et Place des OPR. ; (2) Communication – Développement ; (3) Gouvernance associative/Leader et Leadership ; (4) Démarche de planification stratégique participative ; ( 5) Techniques de Plaidoyer, de Lobbying et Négociation ; (6) Structuration des Filières : Une Stratégie de Renforcement des Capacités des Acteurs dont les OPR ; (7) Initiation à l’Animation-Développement : (8) Partenariats OPR et Institutions, Programmes, Projets de Développement Rural ; (9) Approche Genre et Développement (GED) ; (10) Gestion Concertée des Ressources Naturelles et Protection de l’Environnement : Outil de Gestion des conflits et de Développement durable

Rénovation en cours

Les premiers axes de rénovation de la formation agricole et rurale découlent du contexte du Tchad dans les années 80, ainsi que de l’évolution pendant cette période des systèmes des production et du monde rural. Cette période coïncide avec l’apparition de difficultés financières de l’État qui a dû avoir recours à des ajustements structurels en se désengageant de ses fonctions d’animation et d’appui au secteur agricole et rural, et stabiliser les effectifs des agents de développement de l’État chargés d’encadrer et d’animer les producteurs. On constate en même temps l’apparition de nouveaux acteurs (ONG de producteurs et acteurs privés au niveau de la formation agricole, de l’approvisionnement agricole et la distribution d’intrants). Les systèmes de production passent de la diversification à l’apparition d’activités mixtes : pratique de l’agriculture vivrière par les éleveurs, capitalisation des revenus des agriculteurs en petit élevage ou gros bétail et développement de l’agriculture péri-urbaine.

En milieu rural, on constate une élévation du niveau de qualification des ruraux, le développement de l’organisation des producteurs et l’apparition de nouvelles fonctions dans les Organisations Paysannes. Ce contexte d’évolution du secteur agricole et du milieu rural nécessitait une cohérence opérationnelle dans la mise en œuvre des axes de consultation Sectorielle sur le Développement Rural (CSDR, Njdaména, Juin 1999). Cela se traduit par la conception du plan d’intervention pour le Développement Rural en février 2001 intégrant le Programme de Développement Local (PRODEL) et le Programme de Renforcement des Capacités Sectorielles (PROSE).
L’application des axes de la Consultation Sectorielle sur le Développement Rural passe par l’évolution des modalités d’appui aux producteurs et des services en milieu rural ainsi que des modes de management des ressources humaines dans les organismes d’appui. C’est dans ce contexte que l’ETA et l’ENATE ont pris la décision d’entamer une profonde rénovation (missions, organisation, ressources, système pédagogique et partenariats) afin de répondre aux besoins des personnes assurant l’accompagnement d’un monde rural en évolution. On assiste ainsi à la création du Comité Pédagogique Inter Ecole (COPIEC) en 2001 qui est un instrument d’aide à la décision en matière de création des dispositifs de formation professionnels et technique au niveau rural. Il applique la démarche d’élaboration et de rénovation des dispositifs de formation en intégrant le principe de croisements des compétences tchadiennes et françaises (mission COPIEC/CCADIFA). A la suite de cette mission, il propose 3 niveaux d’actions concernant la rénovation des dispositifs de formation des Techniciens Agents de Développement :

  • au niveau macro-économique par la définition et la mise en œuvre d’une stratégie et d’un plan de développement pluriannuel;
  • au niveau des dispositifs de formation des Techniciens Agents de Développement (ETA, ENATE, CFFM);
  • au niveau du partenariat à mettre en œuvre.

Récemment, le plan quinquennal de développement de l’agriculture et le plan national de développement de l’élevage, qui sont les principales politiques du secteur agricole et de l’élevage, proposent des axes de rénovation des dispositifs de formation issus de ces deux secteurs.
Le plan quinquennal prévoit un appui aux structures d’appui à la production (vulgarisation, recherche, formation rurale). Ces structures dont le rôle primordial dans l’amélioration de la production, verront leurs capacités renforcées. Pour la vulgarisation, il s’agit d’assurer une meilleure couverture du taux d’encadrement qui est actuellement de 16,8%, par le recrutement de 150 conseillers agricoles par an. La recherche se fixe comme mission de mettre à la disposition des ruraux des techniques et technologies adéquates et pertinentes à moindre coût permettant la maximalisation des productions agricoles en quantité et en qualité. Enfin, la formation dotera les agents et les producteurs des connaissances et outils adaptés leur permettant d’être à la hauteur des défis qui se posent à l’agriculture tchadienne.

En ce qui concerne le plan de développement national de l’élevage, il prévoit également un renforcement des capacités des cadres et agents du Ministère de l’élevage et des Ressources animales et celui des professionnels du secteur à travers :

  • La formation initiale au niveau national des agents d’exécution de terrain pour répondre aux besoins d’encadrement des producteurs. Des cadres de conception et de supervision seront mis à la disposition des services techniques du Ministère de l’élevage. Ces formations seront en cohérence avec le Plan National de Formation mis en œuvre par le Ministère de l’Enseignement Supérieur;
  • La formation continue au niveau national et à l’étranger d’agents de toutes les catégories afin d’assurer une remise à niveau de manière périodique et régulière et d’optimiser leurs compétences. Cette formation vise aussi les professionnels de l’élevage pour assurer une meilleure professionnalisation et une augmentation des capacités des acteurs privés ou institutionnels;
  • Le conseil et la vulgarisation, qui passe par le renforcement des capacités de ses services, en mettant l’accent sur le volet communication, l’élevage et la recherche . La stratégie adoptée pour ce dernier volet consiste a mettre à contribution tous les médias disponibles (magasines, radios) pour toucher les éleveurs transhumants et sédentaires. Toutes ces actions ont pour objectifs de favoriser le transfert des innovations aux éleveurs.

Carte interactive des établissements de formation agricole

Cette carte est issue de l’outil FAR Carto qui vise à recenser les établissements de formation agricole et rurale. Cet outil collaboratif s’adresse aux professionnels de la FAR. Chacun peut l’enrichir ou recenser son établissement de formation.