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Réseau FAR

06
Oct
2023

Sénégal / Entretien avec Amadou Ndiaye, nouveau secrétaire général du réseau FARSEN

Au Sénégal, la coexistence des trois dimensions de la FAR – formelle, non formelle et informelle – constitue des atouts et des limites à la construction d’un système de formation agricole et rurale harmonisé. Il est important que les acteurs prennent conscience et intègrent dans toutes les stratégies ces trois dimensions“. Amadou Ndiaye, directeur de l’École d’Agriculture de la nouvelle Université Amadou Mactar Mbow de Dakar, nous partage son regard sur les défis de la formation agricole et rurale au Sénégal, et sur le rôle que pourrait jouer le réseau national FARSEN dans son développement.

La gouvernance de FARSEN a changé lors de la dernière Assemblée générale. Vous êtes désormais le nouveau Secrétaire Général du réseau national FARSEN. Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Amadou Ndiaye et suis enseignant-chercheur à la nouvelle Université Amadou Mahtar Mbow de Diamniadio (Sénégal). Auparavant, je servais à l’Université Gaston Berger de Saint Louis. J’ai débuté ma carrière à l’Agence Nationale de Conseil Agricole et Rural (ANCAR).

Je suis docteur vétérinaire, titulaire d’un master en sciences de l’environnement et d’un doctorat en sociologie rurale. Mes travaux de recherche portent sur les stratégies et pratiques de développement agricole et rural, notamment sur les systèmes d’innovation et de conseil agricole et rural.

Quelle est votre expérience en matière de FAR ?

Pour plus de clarté, je dirais que dans le développement des compétences et le renforcement des capacités humaines pour le développement agricole et rural, mon expérience est celle du praticien et du chercheur. Déjà, ma thèse vétérinaire a porté sur la formation des éleveurs (plus précisément des auxiliaires d’élevage). Ce qui m’a valu, je pense, mon recrutement à l’ANCAR me permettant d’avoir une pratique d’élaboration, de mise en œuvre et d’évaluation de programmes et sessions de formation pour les agriculteurs et éleveurs. C’est la dimension non formelle de la FAR.

Enseignant à l’université, je suis dans la dimension formelle de la FAR, avec des diplômes reconnus par l’État à délivrer à travers une pédagogie de la sélection, des normes d’enseignement/apprentissage et un système d’évaluation formalisé.

A l’université, je suis aussi chercheur. Mes travaux de recherche me permettent d’appréhender et quelques fois de caractériser ces deux dimensions (formelle et non formelle) mais sans oublier cette autre dimension de la FAR. Il s’agit de la dimension informelle à travers des séances de développement de capacités tout au long de la vie, pendant lesquelles des agriculteurs mettent à disposition de leurs pairs (membres de leur famille ou non) des compétences nécessaires à la poursuite des activités agricoles.

A la lumière de vos expériences, quels sont selon vous les chantiers prioritaires pour améliorer la FAR au Sénégal ?

Au Sénégal, la coexistence de ces trois dimensions (formelle, non formelle et informelle) de la FAR, constitue à la fois des atouts et des limites à la construction d’un système de formation agricole et rurale harmonisé. Il est important que les acteurs prennent conscience et intègrent dans toutes les stratégies ces trois dimensions. Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en place un système performant de saisine et d’appréhension de leurs interactions dynamiques ; et ne pas se contenter seulement de réflexion, fussent-elles d’experts.

L’autre chantier de la FAR est de lui trouver sa véritable place dans les stratégies de développement agricole et rural du pays. Pour ce faire, une étape consisterait à travailler pour la mise en place d’une véritable direction de FAR dans les ministères en charge de l’agriculture.

Au ministère de l’agriculture, nous avons hérité de bureaux de FAR qui étaient centrés principalement sur la gestion de la formation continue des agents. Depuis quelques années, des efforts sont faits pour une véritable prise en charge des questions plus élargies de la FAR. Le recyclage des agents et le renforcement de leurs capacités sont du domaine des ressources humaines.

Il faut oser aller vers une véritable Direction nationale de la FAR ou quelque chose de ce genre qui permette de saisir l’ensemble des dimensions et en faire un axe déterminant de stratégie de développement agricole et rural. La volonté politique est importante pour mettre en place une structure pareille.

Une telle direction dotée de compétences humaines idoines permettra de mieux positionner la FAR dans les stratégies et politiques agricoles. Ces dernières actuellement pourraient mieux prendre en compte les compétences des acteurs de terrain. Je considère que le système de développement agricole et la production agricole d’un pays sont plus en corrélation directe avec les compétences des acteurs qu’avec les quantités d’intrants, matériels et infrastructures agricoles distribuées sous forme de subvention. En tout cas, pour réussir nos politiques agricoles, il y a un travail d’harmonisation à faire entre les subventions agricoles et les compétences des utilisateurs des facteurs de production.

Particulièrement, malgré la diversité des ministères (agriculture, élevage, pèches et aquaculture, etc.) en charge du domaine, on peut identifier deux chantiers : la mise en place d’une part d’une politique cohérente et harmonisée de formation agricole et rurale en rapport avec le monde professionnel et la construction d’un système de recherche sur la formation agricole et rurale.

Que représente le réseau national FARSEN pour vous ?

Le réseau FARSEN met en commun une diversité d’acteurs qui représentent l’ensemble de ces trois dimensions. Il est pour moi, un outil d’échange, de partage et de valorisation d’expériences entre collègues engagés. De plus en plus, il se positionne comme instrument, encore diffuse, d’expertises techniques et de renforcement de capacités de ses membres.

En plus, il constitue pour le chercheur, un instrument à la fois de construction d’objets, de consolidation de méthodes et de vérification de vérités scientifiques.

Quels sont les prochains défis de FARSEN ?

Les défis sont nombreux : l’identification du potentiel d’acteurs et leur adhésion au réseau, la capitalisation et valorisation des expériences des membres, la prise en compte de l’intégration de la formation FAR universitaire et supérieure (ISEP), la mise en place d’une politique harmonisée de formation agricole et rurale, la visibilité de la FAR dans les politiques agricoles, la recherche sur la FAR et son financement, le développement de l’expertise et du partenariat, etc.

Notre réseau est en construction et les défis sont immenses. Il revient au président de prioriser les défis de l’équipe actuelle.

Amadou NDIAYE
Secrétaire général du réseau FARSEN
Représentant Sénégal du Réseau international FAR
amadou.ndiaye@uam.edu.sn

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