Sénégal / Modèle d’apprentissage de qualification professionnelle agricole en unités de production informelle
[Retours d’expériences] En 2014, un programme de formation pratique en agroécologie, à destination des jeunes déscolarisés, est mené par le Groupe de Recherche et d’Appui aux Initiatives Mutualistes (GRAIM) et la ville de Thiès. Le défi pendant 4 mois : partir d’un terrain hostile à l’agriculture (absence d’eau, insalubre, rocailleux), à une période difficile (approche hivernage) avec une équipe novice, pour arriver à un site productif, convivial avec un groupe techniquement compétent en maraîchage écologique.
Dans quel contexte s’est développé l’expérience ?
Cette initiative s’est inspirée du Projet d’appui au Développement et à l’intégration de l’Apprentissage (PADIA) qui était un projet de l’état du Sénégal et du gouvernement canadien. L’objectif était de permettre à 1000 jeunes, exclus de la formation classique, d’être formés à un métier prometteur en unités de production informelle (UPI), d’être certifiés et d’accéder à un financement pour démarrer une petite entreprise. Des spécialistes sénégalais et canadiens ont été mis à contribution pour appuyer les partenaires dans cette démarche.
Un projet similaire, porté par le Groupe de Recherche et d’Appui aux Initiatives Mutualistes (GRAIM), intitulé « PREFI », visait à contribuer à l’employabilité durable des jeunes et des femmes par le déploiement d’une offre de formation innovante et adaptée sur les métiers de l’agriculture urbaine et périurbaine dans le plateau de Thiès.
C’est ainsi qu’un cadre de partenariat a été négocié avec la ville de Thiès, qui a accepté de mettre à la disposition du projet son arrière-cour comme site d’apprentissage. Ce site a ensuite été aménagé selon les bases de l’agroécologie et dans une approche de transfert en unité de compétence.
Ce projet visait les jeunes déscolarisés n’ayant pas accès au système classique de formation.
A l’époque en 2014, l’agroécologie n’était pas trop d’actualité. Seul le micro jardinage de table était mis en évidence, souvent par les groupements de femmes, et bien que très intéressante comme technologie, elle constituait une limite pour les acteurs et actrices qui avaient une surface plus importante.
Quels étaient les objectifs visés ?
L’expérience a voulu proposer une innovation verte, avec l’agroécologie comme référence, et basée sur une méthode d’apprentissage en unités de compétences.
Il s’agissait de mettre en évidence un modèle de transfert de compétence sur l’agroécologie et de stabiliser des techniques de résilience face au changement climatique selon l’Approche Par Compétence (APC). L’hypothèse était donc de partir sur un terrain hostile à l’agriculture (absence d’eau, insalubre, rocailleux), à une période difficile (approche hivernage) avec une équipe novice pour arriver à un site productif, convivial, avec un groupe techniquement compétent en maraîchage écologique sur une durée de 4 mois. Compte tenu de la finalité du projet, il était impératif d’utiliser des technologies appropriées.
Le recyclage des matériaux trouvé sur place a été privilégié. Après nettoiement du site, les éléments végétaux ont été utilisés comme paillis, le substrat comme fertilisant pour les cultures et les pierres comme bordure et ouvrage pour faciliter l’infiltration des eaux de pluies. Un tel dispositif a permis de créer un micro climat acceptable, un sol vivant et de limiter l’érosion puisque toutes les gouttières des toits déversaient à l’intérieur du site. Les problèmes phytosanitaires ont étés pris en charge par un protocole typiquement écologique, mais le principe de base était surtout de favoriser la vie microbienne du sol afin que celui-ci soit dans les bonnes dispositions pour fournir une végétation de qualité.
Quels étaient les acteurs principaux et leurs rôles ?
Les rôles des acteurs étaient :
- Pour la commune de Thiès : libérer l’espace pour les besoins du projet et faciliter l’accès à l’eau ;
- Pour le GRAIM (M. André Demba Wade à la coordination, Malick Sow à la formation)
- fournir la matière d’œuvre (semence et matériel agricole) ;
- recruter les apprenants, élaborer le programme de formation spécifique et la mise en œuvre du projet
- Projet PADIA : appui à la formation et facilitation à l’insertion des jeunes
- Centre d’initiation horticole de Thiès : appui à la vulgarisation du modèle
Pouvez-vous décrire succinctement les principales activités menées en matière d’ingénierie de formation ?
Les actions menées ont été :
- Sélection des apprenants
- Atelier d’immersion avec les apprenants sur le programme d’apprentissage
- Atelier de construction et validation des modules
- Activités de formation pratique et validation des compétences acquises
- Évaluation du projet
- Appui à l’insertion des apprenants
Comment a été financée cette expérience ?
Toutes les activités de formation ont été entièrement financées par le GRAIM avec l’appui technique de la ville de Thiès.
Quels ont été les principaux effets de ce programme ?
A l’issue de ce programme :
- tous les participants (8) ont pu s’insérer dans le domaine de la production selon l’agroécologie, soit individuellement, soit comme employé dans le cadre d’un projet ;
- le site d’expérimentation a été un outil de communication pour différents partenaires, y compris l’université, et sources d’inspiration pour différents projets de programmes qui interviennent dans le domaine de l’agroécologie ;
- la commune de Thiès libère de plus en plus les espaces à des usages environnementaux.
Malick SOW
Technicien horticole
En 2014, conseiller technique du Graim et maître formateur au niveau du PADIA
773141143
sowmalik@gmail.com