Sénégal / Processus d’élaboration de modules de formation en agriculture écologique et biologique

Dans quel contexte se développe l’expérience ?

L’Initiative de l’Agriculture Écologique Biologique (I-AEB) a pour mission de promouvoir des stratégies et des pratiques écologiquement rationnelles entre les divers acteurs de la production, la transformation, la commercialisation et l’élaboration des politiques pour protéger l’environnement, améliorer les moyens de subsistance, réduire la pauvreté et garantir la sécurité alimentaire.

La stratégie d’intervention de l’Initiative AEB est basée sur l’hypothèse que l’intégration de l’AEB dans les politiques et les pratiques nécessite une entreprise multipartite mieux gérée, pour être promue à travers des plateformes nationales qui sont éclairées par des preuves scientifiques et des connaissances empiriques locales, soutenues par le développement des capacités des différents groupes de parties prenantes, des informations générales et des efforts de communication et notamment l’action stratégique, et qui sont liés à la politique régionale et continentale des organes de décision.

L’initiative est motivée par quatre piliers stratégiques ciblés, à savoir : 1) Recherche, Formation et Vulgarisation, 2) Information et Communication, 3) Chaîne de Valeur et Développement des Marchés et du Soutien et de la Cimentation, 4) Pilotage, coordination et de gestion.

C’est dans le cadre de la mise en œuvre du premier pilier que nous avons été retenu par l’ENDA Pronat pour faciliter le processus d’élaboration de modules de formation en Agriculture Écologique et Biologique dont nous faisons la capitalisation.

Quels sont les constats de départ ?

Un atelier sur la formation en AEB organisé en octobre 2014 avait identifié plusieurs freins à l’intégration de l’AEB dans les pratiques : une pluralité d’acteurs avec de faibles interactions, une diversité d’initiatives éparses de formation en AEB, une méconnaissance des offres de formation en AEB au Sénégal (contenu, niveau et approche pédagogique). Il a alors été proposé de faire une enquête pour mieux saisir les initiatives.

Cette enquête sur les initiatives de formation en AEB a été réalisée entre novembre et décembre 2014. Un atelier de restitution des résultats a eu lieu en mars 2015. Cet atelier a décidé officiellement de la mise en place du processus d’élaboration de modules de formation en Agriculture Écologique et Biologique.

Quels étaient les objectifs visés ?

L’expérience a voulu combler un vide en construisant et expérimentant, de manière participative et inclusive, des modules de formation en AEB pour divers types d’acteurs de l’éducation formelle et de l’éducation non formelle. La finalité était, d’une part d’amener les structures étatiques de formation agricole à fournir des offres de formation en AEB ; d’autre part de créer une dynamique harmonisée de formation en AEB dans le secteur de l’éducation non formelle (centre de formation, structure de conseil et ONG).

Les objectifs étaient :

• Élaborer de manière participative des modules de formation universitaire (licence) ou non (Formateur, conseiller, producteurs primaires, producteurs d’intrants et transformateurs) en AEB ;
• Expérimenter les modules de formation dans des structures habilitées ;
• Évaluer l’opérationnalisation des modules qui ont été expérimentées.

Ces objectifs entre en étroite ligne avec les mission de ENDA – PRONAT qui est un pionnier de l’agriculture écologique du Sénégal.

Quels étaient les acteurs principaux et leurs rôles ?

Dans le cadre du projet I-AEB, il y a des responsables par pilier. Il s’agit de :

• ENDA-PRONAT pour la Recherche, Formation et Vulgarisation
• FENAB : Information et Communication ; Chaîne de Valeur et Développement des Marchés et du Soutien et de la Cimentation

Dans le cadre de l’activité “Processus d’élaboration de modules de formation en Agriculture Écologique et Biologique”, ENDA PRONAT était organisateur. Plusieurs structures ont participé au processus :

• Structures de recherche (CNRA- ISRA)
• ONG et structures de conseil agricole (Green Sénégal, ANCAR, PRONAT, AGRECOL, FAHAMU)
• Organisation de producteurs (FENAB)
• Centre de formation formelle (CPFH), Université (UGB, UCAD)
• Centre de formation non formelle (CIFOP, centre Kaydara, centre CARITAS de Ndiebel)
• CEAS Centre écologique albert schwatzer

Pour l’expérimentation des modules, l’Université Cheikh-Anta-Diop (UCAD) a mis en œuvre une Licence en AEB alors que le centre Kaydara a expérimenté le module formation des producteurs qui a été évalué dans le cadre de la mission de facilitation.

Pouvez-vous décrire succinctement les principales activités menées ?

Les actions menées ont été :

1. Identification des besoins de formation pour les acteurs AEB par sexe (producteurs, agents de vulgarisation, les commerçants, les transformateurs, les régulateurs et les consommateurs) dans les chaînes de valeur. Cette activité a été réalisée à travers un questionnaire et deux ateliers ;
2. Élaboration des modules de formation en AEB. Pour chaque module, le plan suivant a été abordé : Introduction, Organisation du programme de formation, Public cible, Objectifs de la formation, Durée et déroulement de la formation, Déroulement séquentiel (séquences, dénomination, contenu, nombre de séances et durée) et Fiche pédagogique.
3. Opérationnalisation de deux modules (producteurs analphabètes par le centre Kaydara ; licence en AEB par l’UCAD)
4. Évaluation de l’opérationnalisation du module producteurs analphabète. Cette évaluation a été réalisée au centre Kaydara par l’équipe du projet AEB, les responsables de centre, les responsable des autres centres de formation producteurs (CIFOP et Caritas) et le facilitateur du processus.

Comment est financée cette expérience ?

Toutes les activités de construction de la demande, d’intensification des besoins en formation et d’évaluation ont été financées entièrement par le projet d’initiatives AEB.

Pour l’opérationnalisation des deux modules, l’I-AEB a appuyé les centre de formation Kaydara et l’UCAD.

Comment est prise en compte l’agroécologie dans les activités ?

L’agroécologie a été au centre de la construction de la demande, de l’identification des besoins de formation ainsi que de l’élaboration, de l’opérationnalisation et de l’évaluation des modules de formation.

L’élaboration des modules de formation a été centré sur la chaine de valeurs des AEB (production d’intrants et équipements, production primaire, transformation et commercialisation de produits bio) ainsi que des activités connexes (formateurs et conseillers en AEB). Ainsi, le module formation de producteur a été au centre de tous ces modules durant tout le processus. Par ailleurs, la construction de modules déterminait pour chaque séquence, les objectifs et les techniques d’animation pédagogique les plus adaptés ainsi que le déroulement dans le temps de la séquence. L’évaluation qui a été réalisée a tenté de saisir l’opérationnalisation de l’ensemble de ces éléments.

Quels sont les principaux conseils que vous donneriez pour mener une telle expérience ?

1. Identifier les compétences disponibles en matière de AEB pour participer à un processus sur une durée à moyen terme (2 à 3 ans) ;
2. Mettre en place un système d’animation inclusif et participatif pour les activités de construction de la demande, d’identification des besoins et d’élaboration des modules ;
3. Trouver des structures porteuses pour opérationnaliser les modules en fonction de la disponibilité des producteurs ;
4. Mettre en place un comité de suivi évaluation et rectification des modules ;
5. Construire un système de capitalisation du processus.