Sénégal / Renforcer l’engagement des paysans et paysannes au sein des groupements
[Retours d’expériences pratiques de formation des producteurs et productrices] Les Savoirs des Gens de la Terre (LSGT) est un programme intégré de formation, de financement et d’accompagnement pour le développement de l’agriculture par les paysannes et les paysans, mené de 2004 à 2020 dans la zone du delta du fleuve Sénégal, le bassin arachidier et la zone des Niayes. L’approche LSGT est basée sur un ensemble de séances de formation qui s’échelonnent sur cinq ans s’adressant aux producteurs et productrices, aux groupements et aux unions/fédérations de producteurs. Ces formations ont été assurées par le centre de formation (CIFA) en lien avec les organisations de producteurs.
Quels sont les constats à l’origine de cette expérience ?
Au cours des années qui précèdent le programme LSGT, nous avons constaté une diminution importante du nombre de projets de nature agricole soutenus par l’aide internationale. Les ressources financières accordés étaient aussi en décroissance. Les seuls projets agricoles bilatéraux et multilatéraux qui étaient encore mis de l’avant devaient présenter des résultats quantifiables et mesurables à plus ou moins brève échéance. L’appui et les formations apportés étaient davantage orientés vers des cibles très précises, pour des résultats à très court terme.
Conséquemment, plusieurs besoins du milieu paysan sont occultés ou très peu pris en compte et le développement de connaissances et de compétences, à la fois plus locales et plus universelles, des paysannes et des paysans reléguées au second plan.
Ce type d’interventions, trop pointues et ponctuelles, ne permettait pas de privilégier une approche plus globale permettant de soutenir un processus de prise de conscience.
Quels sont les objectifs de ce programme ?
LSGT est un programme intégré de formation, de financement et d’accompagnement pour le développement de l’agriculture par les paysannes et les paysans.
L’approche LSGT est basée sur un ensemble de séances de formation qui s’échelonnent sur cinq ans s’adressant aux producteurs et productrices, aux groupements et aux unions/fédérations de producteurs. Les cursus de base conduisent à l’élaboration de projets de développement à caractère économique, dont la mise en œuvre est appuyée par un soutien financier, de l’accompagnement et de la formation sur mesure.
LSGT est mis en œuvre pour répondre à 4 questions principales que se posent les acteurs et accompagnateurs du développement agricole :
- Comment concilier intérêts individuels et intérêts collectifs ?
- Comment allier une intervention à tous les niveaux de l’agriculture : des producteurs à la base au sommet des organisations ?
- Comment intervenir efficacement et à la fois sur les questions de renforcement des capacités et des questions économiques ?
- Comment concevoir la formation comme un processus continu et non comme une réponse ponctuelle et isolée ?
Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?
UPA DI, le Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux (CNCR), l’Union des Groupements Paysans de Meckhé (UGPM), la Fédération des Périmètres Autogérés (FPA), le Centre Interprofessionnel pour la Formation aux métiers de l’Agriculture (CIFA), la Fédération des Groupements Associés des Paysans de Baol (FEGPAB), la Fédération des Producteurs Maraîchers des Niayes (FPMN) et le Cadre de Concertation des Producteurs d’Arachides (CCPA).
- UPA Développement international : bailleur
- CIFA (Centre interprofessionnel de formation aux métiers agricoles) : formations et suivi
- OP : formations, projet collectifs, projets individuels, suivi des projets
Ces différents types d’acteurs travaillent en parfaite synergie dans le cadre des comités de sélection des OP et des bénéficiaires et des comités de suivi.
Quelles sont les principales activités menées ?
Mission d’exploration et de promotion
- Identification des pays cibles faite au préalable
- Identification des organisations paysannes
- Identification de l’équipe de formation
Choix des groupements
Les critères de choix étaient :
- Groupement membre de l’OP depuis une période de temps significative.
- Groupement composé de plus de 20 familles, offrant un potentiel de 20 participantes et participants.
- Facilité d’accès et existence sur place d’un local pouvant abriter les formations et, le cas échéant, héberger les formateurs et les participants.
- Absence d’un autre programme d’appui aux entreprises agricoles familiales au sein du groupement.
- Engagement du groupement au sein de l’organisation et participation assidue aux activités.
- Volonté et engagement du groupement à participer au programme LSGT.
Sélection des participantes et participants
Les conditions d’éligibilité étaient :
- Être paysanne ou paysan,
- Être membre en règle du groupement et de l’organisation,
- Une seule personne par entreprise familiale,
- S’engager à participer avec assiduité aux rencontres, soit à un minimum de 80 %.
Mission de démarrage
- Rencontre entre formateurs
- Plan de travail
Mise en œuvre
- Formations
- Élaboration de projets individuels et collectifs
- Financement par la mise en place de trois fonds de développement
- Suivi-évaluation
Comment ont été identifiés les besoins en formation ?
L’approche LSGT est fondée sur une construction sociale de toutes les demandes émanant des collectivités. Tout est parti du postulat selon lequel : toute construction d’appui/accompagnement revêt une dimension sociale qui met au centre des processus, les savoirs des populations et leurs réalités qui se sont construits à partir de leurs pratiques professionnelles et de leurs représentations sociales. Les interventions du programme LSGT sont donc commandées par une démarche d’ensemble où toutes les étapes – l’analyse des situations, l’identification des préoccupations, la formulation des problématiques, la recherche de solutions et le choix de l’ACTION – sont co-construites avec les bénéficiaires.
La finalisation sur des problèmes à résoudre ou des projets collectifs à réaliser constitue la différence fondamentale entre la méthode de formation-action de LSGT et celles centrées sur les contenus. Il s’agit pour les acteurs concernés d’engager un travail d’apprentissage à partir d’un projet. C’est le projet choisi qui va déterminer les contenus et le rythme des apports. Le processus formatif se déroule en permanence, les acquisitions des compétences sont organisées en fonction des besoins exprimés par les participants.
Comment est financée cette expérience ?
Le financement a été assuré par UPA Développement international, coopération canadienne.
Les formations étaient organisées au niveau des sièges des organisations en langue locale.
L’équipe de formateurs étaient composées de formateurs du CIFA, de paysans formateurs et de formateurs envoyés par UPA DI.
Quels sont les principaux conseils que vous donneriez pour mener une expérience telle que celle décrite ?
- Optimiser les outils de suivi évaluation ;
- Impliquer davantage les jeunes et les femmes ;
- Intégrer davantage les thèmes liés à l’agro écologie et la gouvernance des OP ;
- Mieux valoriser les savoirs endogènes et les apprentissages entre pairs ;
- Meilleure implication des collectivités territoriales pour apprécier l’innovation et proposer des pistes d’amélioration.
Ressources
Support de présentation, par Assan Ndiaye (CIFA)
Plaquette de présentation
Sketch réalisé à Thiakho Thioffior (région de kaolack).
A travers ce sketch, il est démontré l’importance des semences de qualité en terme de rendement agricole pour le producteur. Aussi, il est démontré comment le cadre de concertation des producteurs d’arachide (CCPA), fédération membre du CNCR procède pour faire bénéficier à ses membres des semences de qualité à travers les groupements intervillageois de producteurs d’arachide.
Assane NDIAYE
Centre interprofessionnel de formation aux métiers agricoles (CIFA)
+221 77 657 39 85
andiaye2000@yahoo.com