Sénégal / Un fond national pour accompagner les filières agro-sylvo-pastorales
[Retours d’expériences pratiques de formation des producteurs et productrices] Structurer les organisations interprofessionnelles agricoles, former ses membres, diffuser à grande échelle les innovations technologiques… Depuis 2013, ce sont 57 projets de services agricoles qui ont été financés par le Fonds National de Développement Agro-Sylvo-Pastoral au Sénégal, conformément à la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP). Une expérience qui illustre les mécanismes de financement des dispositifs de renforcement des capacités des producteurs et productrices.
Le FNDASP finance, à la demande, les services agricoles :
- des filières et interprofessions dans les écologies de leurs bassins de production, les zones d’implantation de leurs unités de transformation et les sociétés de négoce, trading et commercialisation de leurs circuits d’affaires ;
- des acteurs du Système national de Conseil agro-sylvo-pastoral (SNCASP), selon les principes de proximité et de subsidiarité, dans leurs zones d’intervention dans l’optique d’une couverture partagée et complémentarité.
Quels sont les impacts de l’expérience menée ?
Le FNDASP intervient au niveau de l’ensemble du territoire national du Sénégal. Depuis son opérationnalisation en 2013 et conformément à la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP), le Fonds accompagne les filières agro-sylvo-pastorales et halieutiques dans le financement de (i) leur (re)structuration en organisations interprofessionnelles agricoles, (ii) la formation de leurs
membres, (iii) la diffusion à grande échelle des innovations selon une approche chaîne de valeur, (iv) la recherche à travers le FNRAA.
Le FNDASP, 5,7 milliards FCFA ont été investis pour le financement de 57 projets de services agricoles répartis comme suit :
- 13 projets dans la structuration des filières (riz, maïs, anacarde, oignon, tomate, banane, manioc, patate douce, mangue, lait, porc, aviculture et pêche artisanale) ;
- 35 projets dans le renforcement de capacités (oignon, riz, maïs, tomate, manioc, banane, bétail/viande, banane, porc, et aviculture)
- 9 projets dans la diffusion de technologies (manioc, patate douce, oignon, tomate industrielle et bétail/viande)
Dans quel contexte se développe l’expérience ?
La loi d’orientation agro-sylvo-pastorale (LOASP) est le cadre légal au Sénégal qui édicte les principes de la demande (Filières et Interprofessions), de l’offre (prestataires publics et privés) et du financement (Fonds dédiés) des services agricoles. Les Lettres de politiques sectorielles et leurs programmes sont en cohérence avec le référentiel politique national qu’est le Plna Sénégal Émergent (PSE) et la LOASP.
Quels sont les objectifs visés ?
Le financement des services agricoles par le FNDASP vise une professionnalisation aussi bien des membres des filières et interprofessions que des prestataires de recherche, conseil agricole et formation agricole dans l’optique d’une adéquation entre la demande et l’offre. Une amélioration de la qualité et de l’impact de l’offre de services agricoles est recherchée concomitamment à la
satisfaction de la demande de services agricoles des filières et interprofessions en vue de leur autonomisation et responsabilisation.
Ce faisant, le FNDASP structure le financement des services agricoles, assure la régulation du marché de services agricoles et effectue le contrôle de régularité, de conformité et de qualité aussi bien de l’offre que de la demande de services agricoles
Et ce, en corrélation avec (i) les plans stratégiques, ou plans filières ou projets des filières et interprofessions, et (ii) les prérogatives et lettres de mission des acteurs du SNCASP.
Quels sont les acteurs principaux et leurs rôles ?
Le FNDASP est le structurant des relations d’affaires contractuelles entre d’une part la demande portée par les OPA, Filières et Interprofessions, et d’autre part l’offre par les prestataires publics et privés du SNCASP. Le FNDASP joue un rôle de catalyseur d’arrangements institutionnels qui lui permet de mobiliser des partenaires techniques et financiers dans une synergie,
complémentarité et mutualisation de leurs ressources au profit des OPA, Filières et Interprofessions. Une matrice 5R d’intervention définit les rôles, responsabilités, règles, relations et résultats des parties prenantes/partageantes.
Quelles sont les principales activités menées ?
Le FNDASP se charge de financer :
- la co-construction sociale de la demande, la planification et la formulation participatives des projets de services agricoles pour les OPA, Filières et Interprofessions
- l’appel à candidatures pour l’exécution de projets de services agricoles, commandités et/ou compétitifs, par les prestataires publics et/ou privés du SNCASP
- la contractualisation et le contrôle (régularité, conformité et qualité) de l’offre vis-à-vis de la demande
- les projets et l’évaluation par les commanditaires/bénéficiaires…
Comment ont été identifiés les besoins en formation ?
La demande en formation des producteurs et productrices est co-construite à partir de l’évaluation des gaps/écarts de compétences pour conduire leurs projets et activités. L’offre de formation est construite en réponse à cette demande suite à des entretiens de compréhension et une ingénierie pédagogique et à un reporting qui sont facilités par un prestataire recruté par appel à candidature.
Comment est financée cette expérience ?
Le FNDASP finance le dispositif de renforcement des capacités des producteurs et productrices via :
- le budget consolidé d’investissement de l’État ;
- le compte de la filière cotisante ;
- le projet de coopération institutionnelle et technique entre l’État et les Partenaires Techniques et Financiers (UEMOA, Banque mondiale, FAO, FIDA…) dont le FNDASP est agence fiduciaire
Comment est prise en compte l’agroécologie dans les activités ?
Les pratiques agro-écologiques sont au cœur des stratégies d’adaptation des OPA et filières que le FNDASP accompagne, notamment dans le cadre (i) de sollicitation du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement rural pour apporter sa contribution au PSE-Vert, et (ii) du partenariat entre la FAO et le FNDASP qui gère le Guichet Résilience climatique depuis 2019, et le Guichet Gestion durable des Terres dans le cadre du Projet RIPOSTES (2022-2026).
Quels sont les principaux conseils que vous donneriez pour mener une expérience telle que celle décrite ?
- La co-construction, la planification et la formulation participatives de la demande de formation des producteurs sont un exercice qui exige un renforcement des capacités aussi bien des OPA, filières et interprofessions que des prestataires publics et privés de services agricoles afin que l’offre et la demande soit en adéquation et de qualité
- L’ingénierie pédagogique gagnerait à être couplée avec l’ingénierie sociale d’autant plus que cette dernière exige un plus grand apport en sciences humaines et sociales
- Le travail aux interfaces, entre l’offre et la demande, pour structurer au mieux le marché des services agricoles
- La valorisation des savoirs et savoir-faire des OPA, filières et Interprofessions est un champ à explorer au regard de leurs expertises à mettre à profit dans des canaux tels que les communautés de pratiques, les groupes de pairs, les cercles de connaissances…
- Des fonds dédiés au financement des services agricoles, tels que le FIRCA en Côte d’Ivoire et le FNDASP au Sénégal, sont des mécanismes institutionnels, financiers et techniques pour prendre en charge le défi du développement des compétences du capital humain, qui reste le parent pauvre du financement agricole. Encore faudrait-il que ces fonds soient pour, avec et par les interprofessions qui en assurent la gouvernance, l’abondement et le suivi-évaluation pour commanditer par appels compétitifs des services agricoles auprès des prestataires publics et privés qui leur sont, en retour, imputables, redevables et comptables.
Simon NDENE
Fonds National de Développement Agro-Sylvo-Pastoral (FNDASP)
+221 33 889 68 89
simon.ndene@fndasp.sn