Tchad / Le dispositif de formation agricole et rurale se redynamise
Comment faire de la formation agricole et rurale un véritable levier de développement socio-économique au Tchad ? Comment redynamiser l’agriculture et la formation agricole et rurale tchadienne ? Autant de questions qui ont été abordées lors de l’atelier national FAR du 19 au 21 juin à N’Djamena. Un événement qui a réuni une soixantaine d’acteurs diversifiés de la FAR pour mettre en place un cadre d’échange en faveur de la formation agricole et rural au Tchad.
Éclairage sur la formation agricole et rurale au Tchad
Avec une superficie de 1 284 000 km² et une population de plus de 18 millions d’habitants en 2023, le Tchad tire une part importante de son économie (environ 30% du PIB) dans l’agriculture et le secteur rural et la majeure partie de la population travaille dans le secteur rurale (78%). Ainsi le secteur agricole au Tchad occupe une place prépondérante dans l’économie nationale et reste le moteur de développement du pays, en dépit de son statut d’exportateur du pétrole brut depuis 2003.
Il dispose d’importantes potentialités, sur lesquelles peut être bâti un développement agricole durable. Les sols à vocation agricole s’étendent sur environ 39 millions hectares dont 5,6 millions irrigables. Les ressources en eau souterraine et de surface sont également importantes. La faune sauvage est abondante et variée. De nombreuses espèces végétales y sont cultivées (céréales, racines et tubercules, oléagineux et protéagineux). Environ 137 millions de têtes de bétail y sont élevées.
En dépit de la place qu’occupe le secteur agricole et des potentialités que regorge le pays, la formation agricole reste un défi. Car l’insécurité alimentaire reste une préoccupation nationale avec une prévalence d’environ 12% pour la malnutrition aigüe, 40% pour la malnutrition chronique. Surtout, 92% de la population vit en dessous du seuil de la pauvreté et 36% de la population est extrêmement pauvre. Parmi les défis figure la question du chômage qui est de 22% avec une part importante des jeunes âgés de 15-30 ans.
Les jeunes formés ces 10 dernières années dans les différentes écoles de formation à vocation agricole sont environ 200 000 mais 90% de ces derniers n’arrivent pas à trouver de l’emploi décent ou n’arrivent pas à s’installer à leurs propres comptes pour plusieurs raisons parmi lesquelles la qualité de la formation et le faible niveau d’accompagnement à l’insertion, qui restent les raisons principales.
Pourtant, le développement d’une agriculture compétitive, inclusive et rentable au Tchad passe inévitablement par la formation de ressources humaines qualifiées et équipées. Et pour cela, la rénovation des systèmes de formation, d’éducation et d’apprentissage est un passage obligé pour répondre aux besoins de développement dans les secteurs économiques. Car la formation professionnelle, porteuse de compétitivité par le développement de compétences utiles au tissu économique, apparaît comme l’un des instruments les plus pertinents d’une politique de croissance équitable
Devant ces tableaux, des séries des questions que l’on peut se poser parmi tant d’autre sont :
- Comment faire de la FAR un levier de développement socioéconomique du Tchad, à l’instar des autres dispositifs de formations agricole et rurale des membres pays du Réseau international FAR ?
- Que faut-il faire pour redynamiser l’agriculture tchadienne et la formation agricole et rurale au Tchad ?
- Quel est l’avenir du pays pour le secteur agricole dans le contexte actuel des changements climatiques et de son accroissement démographique ?
- Existe-il un cadre national de réflexion des acteurs sur la question de la qualité de la formation agricole et rurale au Tchad ?
Un atelier national pour réunir les acteurs de la FAR et s’organiser
C’est dans cette logique de recherche des réponses à ces différentes questions que le Réseau international FAR – Khalid Belarbi et Audrey Sirvente de la Direction Exécutive, et Souleymane Sarr, président de FARSEN, venu partager son expérience en termes de création et d’animation de réseau – et les personnes ressources de FAR Tchad ont initié un atelier national du 19 au 21 juin 2024 avec les différents acteurs, avec l’appui de ses partenaires dont l’Agence Française de Développement.
L’objectif de l’atelier était de mettre en place un cadre d’échange entre les acteurs de la formation agricole et rurale au Tchad. Il visait plus spécifiquement à :
- Restituer les conclusions de l’étude diagnostique sur la formation agricole et rurale réalisée entre mars et avril 2023 avec les différents acteurs ;
- Susciter l’engagement multiforme et multi acteurs dans la mise en place d’un cadre d’échange en faveur de la formation agricole et rurale ;
- Définir avec tous les acteurs (États, institutions, OPA, CFAR, etc.), la pertinence et les finalités, d’un réseau national FAR Tchad ainsi que ses missions, ses objectifs à court, moyen et long terme et son type de fonctionnement ;
- Réfléchir sur le type de réseau FAR Tchad, son membership et élaborer une feuille de route à court et moyen terme
L’atelier a donc servi de cadre de restitution et de validation du rapport de l’étude, avec l’implication de plusieurs acteurs tel que les ONG ; les ministères en charge de l’agriculture, de l’élevage, de la formation professionnelle, de l’hydraulique, de l’enseignement supérieur et de l’environnement, de l’enseignement de base et du plan ; les agences des ministères en charges de l’agriculture (Agences Nationale d’Appui au Développement Rurale ANADER, Institut Tchadienne de La Recherche Agronomique et de Développement ITRAD…) et l’ENAT ; les établissements publics et privés de la formation agricole et rurale ; les organisations des producteurs ruraux ; les représentants des organisations des femmes et des jeunes.
Au terme de la restitution, nous pouvons retenir que les conclusions de l’étude ont été validées par les acteurs avec un rapport de validation présentant les points d’attention relatives à l’étude menée. Il faut rappeler que l’étude a été conduite en étroite collaboration avec les cadres du Ministère de la Production et de la Transformation Agricole, et du Ministère de l’Élevage et de la production animale. Elle a été participative et impliquant un large éventail d’acteurs de la FAR au Tchad (acteurs publics et privés) et a permis de poser un certain nombre de constats partagés entre les différents acteurs. Elle a permis d’identifier sur fond de consensus les axes de travail à impulser, mais a aussi aidé le Tchad à disposer d’un document de mise en place d’un dispositif FAR.
Selon l’étude menée, le dispositif actuel de la formation dans ce domaine et ses caractéristiques est partagé entre plusieurs ministères de tutelles notamment le ministère de l’agriculture, le ministère de l’enseignement supérieur et professionnel et l’enseignement de base, ce qui complexifie la conception, la mise en œuvre et le suivi des écoles de formation agricole et rurales au Tchad.
Toutefois, en dehors des écoles et instituts privées, la formation agricole et rurale est représentée par l’ENATE (Ecole Nationale des Techniques d’Élevage du Tchad) et l’ETA (École Technique d’Agriculture), l’École des Technique Agricole de Ba-ili, l’Université des Sciences Agronomiques de Sarh, et les autres instituts universitaires à vocation agricole et rurale de ATI, Lai, Abéché et Mongo.
Quel cadre d’échange et de réflexion faut-il pour les acteurs de FAR Tchad ?
A cette question il faut rappeler que le Tchad a été membre fondateur du Réseau international FAR. Cependant en dépit de la représentation du pays dans le réseau à travers la désignation des représentant pays, des points focaux et des membres désignés dans la gouvernance du réseau, il n’existe pas un réseau formel au Tchad et considérant les enjeux du développement agricole, il importe de mettre en place un cadre d’échange y relatif.
Dans le cadre la redynamisation des réseaux nationaux, le Réseau International FAR accompagne les membres pays dont le Tchad dans la rénovation de leurs dispositifs de formation agricole et rurale. En effet depuis plusieurs années, le Réseau FAR a mis en place sur demande des pays membres un processus d’accompagnement à la rénovation/restructuration des dispositifs de FAR.
C’est ainsi qu’au cours de l’atelier du 19 au 21 juin, les acteurs ont esquissé une feuille de route pour la mise en place d’un réseau formel, avec un bureau provisoire composé de 14 membres issus de différentes corporations, pour conduire le processus de mise en place de l’Association de Formation Agricole et Rurale au Tchad. Cette association, selon les conclusions de l’atelier, aura pour mission de définir avec tous les acteurs (États, institutions, OPA, CFAR, etc.), la pertinence et les finalités, les missions, les objectifs à court, moyen et long terme, le membership et le mode de fonctionnement de l’Association FAR Tchad. Il en résulte au terme du processus, la mise en place d’un bureau provisoire de FAR Tchad dont la photos famille du bureau se présente comme suit.
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