Vers des réseaux plus résilients de personnels vétérinaires. Retours sur la conférence OMSA au Kenya

Pour commémorer ses 100 ans, l’OMSA a engagé ses membres tout au long de 2024 pour réfléchir à l’histoire des services vétérinaires, célébrer les succès et se concentrer sur les priorités nouvelles et en cours. Cet événement marquant, qui s’est tenue du 26 au 28 novembre 2024 à Nairobi, a permis de réunir experts et acteurs clés pour réfléchir aux priorités futures et renforcer les initiatives en faveur de la reconnaissance des paraprofessionnels vétérinaires et de la formation en milieu rural. Parmi les partenaires invités, le Réseau International FAR a été convié à cette conférence à travers son implication dans le projet P3V. Il a été représenté par Doris Mbeng, membre du réseau national FAR Cameroun (FARCAM). Elle revient pour nous sur les temps forts.

Vers un maillage vétérinaire en Afrique

Pour commémorer ses 100 ans, l’OMSA a engagé ses membres tout au long de 2024 pour réfléchir à l’histoire des services vétérinaires, célébrer les succès et se concentrer sur les priorités nouvelles et en cours. 2024 est une occasion opportune de célébrer les progrès importants réalisés par l’OMSA et ses membres en ce qui concerne la reconnaissance des paraprofessionnels vétérinaires (PPV) et, plus largement, de la profession vétérinaire dans son ensemble, et de tirer parti des efforts visant à investir davantage dans le développement de la démographie et du maillage vétérinaire.

Depuis la première conférence qui s’est tenue à Pretoria en 2015, l’OMSA a lancé un programme de développement de la démographie et du maillage vétérinaire, publié des lignes directrices sur les compétences et les programmes d’études des paraprofessionnels vétérinaires (PPV) et lancé des lignes directrices pour les agents communautaires de la santé animale (CAHW), a piloté un nouveau soutien ciblé dans le cadre du Processus de Performance des services vétérinaires (PVS), comprenant un soutien aux curriculum des PPV, un soutien aux partenariats public-privé (PPP), et a cartographié la législation vétérinaire sur le continent autour des lois de pratiques vétérinaires et des organismes statutaires vétérinaires (OSV), tout cela afin de mieux répondre aux priorités en matière de développement de la démographie et du maillage vétérinaire.

Ces initiatives répondent directement aux recommandations de la conférence de 2015 dans laquelle les membres avaient participé activement aux ateliers sous-régionaux de l’OMSA, et ont demandé des soutiens en matière de développement de la démographie et du maillage vétérinaire, y compris des ateliers nationaux et des missions menées dans le cadre du Processus PVS. Ces membres ont également travaillé sur la législation pertinente et se sont engagés dans la mise à jour des curriculum et des formations pour les PPV.

Cette conférence a été hautement édifiante de par la diversité des thématiques abordées autour de la question de la formation et de l’intégration aussi bien des paraprofessionnels vétérinaires que des Agents Communautaires de Santé Animale (ACSA) dans la profession vétérinaire. Au Cameroun cette question est d’actualité car l’accompagnement des éleveurs en milieu rural n’est pas toujours aisé, les docteurs vétérinaires sont plus installés dans les grandes villes, alors d’autres mécanismes sont mis en œuvre pour pouvoir toucher ces ruraux et leur apporter l’accompagnement dont ils ont besoin.

Défis majeurs de la formation des PPV et ACSA

Des défis persistent pour permettre une intégration efficace des PPV dans le corps professionnel vétérinaire et une collaboration renforcée avec les vétérinaires, ainsi qu’un enseignement et une formation harmonisées et adaptées qui garantissent l’obtention de diplômes par des vétérinaires et des PPV compétents et prêts à travailler :

• Un nombre limité d’OSV en Afrique qui reconnaissent et enregistrent les PPV ;
• Une législation limitée reconnaissant les PPV ;
• Un manque d’opportunités pour les PPV à fournir des services tant nécessaires dans le secteur privé ;
• le manque de réglementation ou d’application de l’utilisation appropriée des antimicrobiens et la nécessité d’une formation et d’une gestion plus poussées ;
• Les disparités entre les sexes dans la démographie vétérinaire et dans la prestation de services.

Il est à noter qu’en plus de ces défis, plus doit être fait pour la promotion des relations complémentaires entre les vétérinaires et les paraprofessionnels vétérinaires (PPV), en les encourageant, preuves à l’appui, à fonder leurs relations sur une coopération mutuellement bénéfique plutôt que sur la concurrence, en particulier dans le secteur privé.

C’est pourquoi l’OMSA a organisé cette conférence afin de faire le point sur les progrès réalisés, d’étudier les opportunités et les défis, de partager l’expertise et l’expérience, et de déterminer les priorités à venir pour le développement de la démographie et du maillage vétérinaire en Afrique.

Déroulement de la conférence

D’une manière générale, les activités étaient organisées en sessions plénières et en sessions thématiques qui se déroulaient simultanément. Chaque participant était appelé à assister à celle qui lui convenait le mieux. Les différentes cérémonies d’ouverture et de clôture ainsi que des séances de mise au point des journées se déroulaient en plénière.

La conférence a été présidée par le Dr François Caya, en lieu et place de la Directrice Générale, empêchée. Les activités ont débuté par une longue série de discours, aussi bien à l’entrée qu’à la clôture.

Les sessions thématiques de manière générale ont porté sur les sujets suivants :

Session thématique : panel de discussions

• Enseignement : La transition numérique en Afrique : l’apprentissage électronique dans le domaine vétérinaire
• Développement des effectifs de personnel : Perspectives de la jeunesse sur l’avenir du personnel et du maillage vétérinaire
• Services durables et partenariats public – prive: Compétences commerciales et déploiement durable de vétérinaires, PPV et ACSAs dans le secteur privé
• Thèmes techniques et un environnement propice à un cadre efficace de personnels vétérinaires : Gestion des urgences

Les échanges sur le développement de partenariats public-privé est un point essentiel. Ce type de partenariat peut aider à pallier certains défis rencontrés dans la formation et intégration de ces catégories d’acteurs car on peut être bien formés mais n’avoir pas accès à un emploi décent parce qu’on est doté de compétences en inadéquation avec la législation en vigueur ou avec le milieu professionnel visé.

Session thématique 2 : tables, discussions participatives

Ici les participants ont été regroupés en fonction de leur région, nous avions également 4 grands groupes répartis comme suit : Afrique de l’Ouest et du Centre ; Afrique Orientale ; Afrique Australe ; Afrique du Nord

Session thématique 3 :

• Enseignement:
• Lancement des lignes directrices de l’OMSA sur les Agents communautaires de santé animale (ACSA) : comment les utiliser ?
• Recrutement et mesures d’incitation
• Développement des effectifs de personnel :
• Évaluation des effectifs de personnel
• Déploiement de personnel vétérinaire pour la lutte contre, et l’éradication de maladies
• Services durables et partenariats public – prive :
• Atelier GALVmed Développement de produits en fonction des besoins, marchés durables et utilisation judicieuse des produits vétérinaires par les PPV
• Atelier législation et réglementation vétérinaires
• Thèmes techniques et un environnement propice à un cadre efficace de personnels vétérinaires : Comment la dimension genre est-elle pertinente pour les services vétérinaires, et quelle est la contribution des associations vétérinaires et PPV ?

Session thématique 4 : discussions participatives sur les différentes catégories et cadres de PPV

• Activités de surveillance de terrain : comment les PPV sont impliqués dans ce genre d’activités ? difficultés rencontrées, propositions de solutions
• Défis et opportunités dans l’usage d’antimicrobiens sur le terrain
• Services communautaires de base
• Services de bien-être animal
• Services d’inspection des viandes, services de laborantins

Session thématique 5 :

• Enseignement: Enseignement de vétérinaires et de para-professionnels vétérinaires
• Développement des effectifs de personnel : Développement des effectifs de personnel et formation continue
• Services durables et partenariats public – prive : Lancement du Forum PPP Afrique (UA-BIRA, OMSA)
• Thèmes techniques et un environnement propice à un cadre efficace de personnels vétérinaires : Une Seule Santé (One Health) et la coopération avec le personnel médical (exemples du terrain)

En tant que membre d’une équipe de facilitateurs, nous avons participé aux sessions thématiques mises en gras énoncées ci-dessus. Chaque grande thématique était à la charge d’un facilitateur principal qui travaillait avec une équipe. Les travaux ont consisté à préparer les activités que devaient faire les participants, ceci bien avant la conférence. A cet effet, plusieurs séances de travail se sont tenues par mail, par zoom, pour peaufiner les documents de travail, élaborer les questions pour les différents panels de discussions, ainsi que pour les partages d’expériences. Durant les ateliers, nous avons également joué le rôle de porteuse de micro dans la salle et de rapporteuse dans une session.

 

Centres d’intérêt possibles pour le Réseau FAR

Les PPV et les ACSA sont également des acteurs de la Formation Agricole et Rurale, car ce sont eux qui sont proches des éleveurs. Cependant, ils sont confrontés à diverses réalités notamment leur intégration professionnelle sans que cela ne constitue un conflit avec les docteurs vétérinaires car ils évoluent tous dans le domaine vétérinaire. Pour pallier à cette confusion, l’OMSA a mis en place des cursus de formation visant à rendre les PPV plus opérationnels sur le terrain tout en travaillant sous la supervision d’un docteur vétérinaire. L’OMSA propose des cursus tout en laissant à chaque État la latitude de définir les domaines de compétences de ces catégories d’acteurs.

La problématique du genre est également une préoccupation pour l’OMSA car les femmes qui veulent se lancer dans le domaine de la profession vétérinaire rencontrent des difficultés et se retrouvent ainsi limitées pour accéder à la formation. Cette conférence s’est également penchée sur cette question et des multiples partages d’expérience entre pays ont permis de proposer des solutions pour inciter plus de jeunes mais surtout des jeunes filles et femmes pour accéder à la formation.

Tout comme le Réseau international FAR, l’OMSA s’intéresse au renforcement des capacités des acteurs de la FAR, dans le cas précis, il s’agit d’améliorer la santé animale en milieu rural. Elle vise également à faciliter l’accès des jeunes filles et femmes à la profession vétérinaire, ce qui faciliterait l’accompagnement des femmes en milieu rural, qui en général s’occupent de l’élevage mais qui sont limitées dans le suivi et le soin à apporter à ces animaux.

Le Réseau international FAR pourrait apporter son appui dans le renforcement des capacités de ces catégories d’acteurs :

• Les PPV sont en général formés par des structures de l’État, qui peuvent être parfois limitées par les phases pratiques, car ne disposant pas toujours d’ateliers pédagogiques pour cela. Le Réseau FAR étant en collaboration avec des centres de formation, peut faciliter l’accès à des éleveurs partenaires desdits centres.
• Concernant particulièrement les ACSA, ce sont en général des membres d’une communauté qui reçoivent une formation leur permettant d’accompagner les éleveurs de la communauté dans le suivi de leurs élevages, la transmission d’informations pertinentes en lien avec les maladies animales auprès des autorités et la facilitation des actions. Si dans cette catégorie des femmes PPV ou ACSA sont formées, elles pourraient plus facilement approcher les femmes éleveurs dans les zones où il n’est pas facile de laisser les femmes être enseignées par des hommes.

Le Réseau peut également partager sa stratégie genre pour inciter les jeunes filles et femmes à s’intéresser à la profession vétérinaire.

Cette conférence nous a donné l’occasion de rencontrer des confrères d’autres pays et d’échanger et surtout d’apprendre un peu plus sur la vision des pays membres en matière de formation et d’intégration des PPV et des ACSA.

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