À Mayotte, le CFPPA pilote le projet ACOTAE pour renforcer les dispositifs d’appui à la transition agroécologique. Son objectif est de structurer et outiller les dynamiques locales, en réduisant la dépendance à des formateurs extérieurs et en favorisant l’implication directe des agriculteurs. Inspiré des expériences du Ceffel à Madagascar, du CRDE de Grande Comore et de Terre et Humanisme, il s’appuie sur la Recherche Coactive de Solution. Les formations ont déjà permis la création spontanée de groupes d’entraide et l’émergence d’agriculteurs animateurs reconnus.
Du constat à l’actioN
Le CFPPA a constaté la nécessité d’augmenter les compétences locales en agroécologie afin de moins avoir recours à des formateurs extérieurs. L’idée a donc été de mettre en place un système de formation basé sur des agriculteurs piliers. Le projet place les problèmes rencontrés par les agriculteurs au cœur des activités, plutôt que de partir des points de vue techniques. La méthode choisie est la Recherche Coactive de Solution, développée par le Gerdal. Elle favorise les échanges de pratiques, valorise les savoirs paysans et permet d’inviter des techniciens lorsque cela est utile. Elle ouvre aussi une réflexion collective avec d’autres acteurs de l’accompagnement agricole sur l’amélioration des dispositifs d’appui.
Un processus construit étape par étape
La première action porte sur les échanges de pratiques et l’entraide agricoles à Mayotte. Un premier groupe d’agriculteurs a été constitué. Les problèmes rencontrés ont été identifiés et validés avec eux pour bâtir un programme de rencontres. Des rencontres bimensuelles se tiennent autour de problématiques identifiées. Les agriculteurs ont été formés à l’animation. À partir de fin 2025 et 2026, des sous-groupes animés par les agriculteurs du premier groupe verront le jour. La deuxième action concerne les échanges entre partenaires de l’Océan Indien avec une initiation à la Recherche Coactive de Solution, des réflexions sur la résolution des problèmes rencontrés et des échanges de pratiques.
Des résultats qui transforment les pratiques
Dix agriculteurs-animateurs ont été formés et des sous-groupes sont en cours de création. Les rencontres sont construites autour des problèmes analysés et validés avec les agriculteurs. Le rythme est déterminé par le groupe. L’implication est forte, les échanges riches et concrets, et la participation bien plus importante que dans des formations classiques. Les agriculteurs prennent conscience de leurs rôles et responsabilités et montent en compétences sur l’animation. Pour les techniciens, un changement de paradigme s’opère avec la prise de conscience de la posture descendante et de ses limites. Les agriculteurs soulignent aussi le soutien et les réflexions entre pairs, y compris après le cyclone, renforçant la motivation et le dynamisme.
Leçons et conseils pour la transition agroécologique
L’expérience ACOTAE a montré que les formations en agroécologie peuvent déclencher, presque spontanément, de véritables dynamiques collectives lorsque les agriculteurs s’approprient les contenus et se muent en animateurs. La démarche de Recherche Coactive de Solution s’est affirmée comme un levier efficace pour stimuler la réflexion partagée et renforcer l’engagement local. Cette expérience met en évidence la nécessité d’accompagner les groupes émergents avec un appui méthodologique solide, un suivi régulier et une mise en réseau active. Elle souligne aussi l’importance de mettre à disposition des supports pédagogiques accessibles et de consolider les partenariats territoriaux, afin d’assurer la continuité et la pérennité des acquis.
