Au Togo, et plus précisément dans la région centrale, le Réseau des Jeunes Producteurs et Professionnels de l’Agriculture au Togo (REJEPPAT) est reconnu pour ses formations et son soutien aux actions de promotion de l’agroécologie. Depuis 2019, il déploie un dispositif de fermes écoles agroécologiques visant à professionnaliser les jeunes en les formant à l’entreprenariat et aux techniques de l’agriculture durable. Avec l’appui de partenaires comme la CTOP, la FAO-FFF, Afdi, le FSRP, l’APCFAR et le Réseau FAR, l’objectif est d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle tout en restaurant les sols et écosystèmes pour renforcer la résilience face au changement climatique.
Du constat à l’actioN
L’initiative est partie du constat d’une utilisation abusive des engrais chimiques par les producteurs, avec pour conséquence une faible productivité malgré l’apport répété d’intrants. Pour répondre à ces défis, REJEPPAT a lancé les fermes écoles afin de sensibiliser les agriculteurs aux effets néfastes des produits chimiques et de les former aux pratiques agroécologiques. Ces sessions ont favorisé la prise de conscience et l’intégration progressive de méthodes plus durables dans leurs exploitations, ouvrant la voie à une mise à l’échelle de l’expérience.
Un processus construit étape par étape
La démarche a débuté par l’identification des fermes écoles via un appel à candidature, suivie d’une évaluation de leur capacité d’accueil. Les maîtres formateurs ont été renforcés sur les pratiques agroécologiques, avant le recrutement des apprenants. Les formations se sont déroulées directement sur les fermes, avec l’appui de partenaires tels que la FAO, la CTOP, le FSRP, Afdi et le Réseau FAR. Un suivi post-formation a permis d’évaluer l’intégration des pratiques sur le terrain. En parallèle, une étude de marché sur les opportunités de valorisation des produits a été réalisée et un dispositif de certification BioSPG a été mis en place pour faciliter leur commercialisation.
Des résultats qui transforment les pratiques
À ce jour, plus de 800 agriculteurs dont 40 % de femmes et 70 % de jeunes ont été formés à l’agroécologie. Deux cents jeunes ont été suivis sur leurs exploitations pour mesurer l’adoption des pratiques. Douze fermes écoles et vingt-quatre exploitations de jeunes sont en cours de certification BioSPG, garantissant un marché rémunérateur. Beaucoup sont devenus entrepreneurs en production végétale, animale ou d’engrais organiques. Les témoignages confirment des effets visibles : résistance et germination rapide des plants, réduction des coûts de production, conservation de l’humidité, diminution des maladies et meilleure rentabilité. REJEPPAT est aujourd’hui une référence nationale en matière de promotion de l’agroécologie et participe aux réformes nationales, tout en consolidant de multiples partenariats.
Leçons et conseils pour la transition agroécologique
L’expérience a permis d’apprendre la mise en place d’outils pédagogiques efficaces pour la formation et la transition agroécologique, ainsi que des dispositifs de certification et de commercialisation. Elle montre la nécessité de travailler en amont sur la sécurisation foncière, l’accès à l’eau et la mobilisation des matières premières pour produire des intrants organiques. Pour faciliter la transition agroécologique, il est nécessaire de bien définir l’approche et les outils de formation, de convenir avec les bénéficiaires de l’accompagnement final attendu qu’il soit technique, matériel ou financier et d’impliquer toutes les couches de la population, en particulier les jeunes et les femmes, afin de garantir une appropriation collective et durable.