[Paroles d’actrice] Renforcer les curricula et l’apprentissage en entreprise pour la transition verte

Depuis 2017, l’Organisation internationale du Travail (OIT) accompagne plusieurs pays africains dans la transformation durable de leurs systèmes de formation agricole et rurale. L’initiative vise à valoriser les compétences vertes, entrepreneuriales et techniques, afin de mieux répondre aux exigences des transitions agroécologiques, économiques et sociales. En Éthiopie, au Maroc, en Égypte et au Ghana, les actions portent sur la gouvernance sectorielle, l’anticipation des besoins en compétences (SPEED), la rénovation des curricula et la formation en entreprise, avec plus de 2000 jeunes déjà formés.

Du constat à l’action

L’initiative répond à la nécessité d’adapter les systèmes de formation aux mutations écologiques et économiques. En Éthiopie, la faible adéquation entre formation et besoins des chaînes de valeur agricoles justifiait la création de Conseils sectoriels et l’ancrage de l’apprentissage en milieu de travail. Au Maroc, la croissance du secteur laitier appelait une anticipation fine des compétences via l’outil SPEED. En Égypte, le besoin d’une main-d’œuvre mieux préparée aux exigences environnementales a motivé des actions ciblées auprès de travailleurs et de jeunes ruraux.

Un processus construit étape par étape

En Éthiopie, le projet ProAgro a permis la mise en place de Conseils de compétences sectoriels dans les chaînes de valeur agroalimentaires et avicoles, avec la participation active des employeurs, syndicats et institutions publiques. Ces conseils ont accompagné la rénovation des curricula et l’intégration de compétences vertes de base, ainsi que le renforcement de la formation en entreprise. Au Maroc, la méthodologie SPEED (Skills for Productivity, Environment and Economic Diversification) a été appliquée pour identifier les compétences nécessaires à la durabilité du secteur laitier et élaborer une feuille de route nationale de formation verte. En Égypte, des modules de sensibilisation environnementale ont été intégrés dans les dispositifs de formation en entreprise pour renforcer la préparation des jeunes ruraux.

Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités

Les premiers résultats sont significatifs. En Éthiopie, deux Conseils sectoriels sont opérationnels, et des curricula rénovés facilitent l’insertion professionnelle des jeunes dans l’agroalimentaire et l’aviculture. Au Maroc, l’application réussie de SPEED a permis d’intégrer les priorités de formation verte dans les plans sectoriels. En Égypte, plus de 2000 jeunes ruraux ont été formés, et les formateurs publics ont renforcé leurs compétences pour transmettre les enjeux écologiques. Au Ghana, une feuille de route nationale pour la transition juste a été adoptée. Globalement, les projets ont amélioré la collaboration entre structures de formation, partenaires sociaux et entreprises, renforçant la pertinence des offres de formation.

Leçons et conseils

Cette expérience a montré l’importance d’impliquer dès le départ les acteurs économiques, sociaux et institutionnels dans l’identification des besoins en compétences et la construction des formations. Elle a confirmé que les transitions écologiques doivent s’appuyer sur des dispositifs flexibles, inclusifs et contextualisés. L’utilisation d’outils comme le Green TVET Tool ou SPEED constitue une approche structurée mais adaptable. Trois enseignements clés se dégagent :

  • Investir dans la formation des formateurs, l’expérimentation pédagogique et l’apprentissage en milieu de travail, pour renforcer l’employabilité des jeunes et la résilience des territoires.
  • Ancrer toute initiative dans un dialogue multipartite.
  • Adapter les outils aux contextes locaux en intégrant savoirs endogènes et dynamiques territoriales.