[Paroles d’acteur] Développer la production et l’usage de biofertilisants à grande échelle

Au Togo, le réseau RéNAAT, en partenariat avec le Réseau FAR, Terre et Humanisme, TMSU International et quatre centres régionaux (CERPA, CADETE, CFIJ, FARE), a mis en place le projet DIOAT entre avril 2024 et avril 2025. L’objectif est clair : développer à l’échelle de quatre régions la production de biofertilisants pour répondre aux besoins des paysanne(s) et réduire l’utilisation d’intrants chimiques. En un an, plus de 400 tonnes de biofertilisants ont été produits et diffusés à bas coût, donnant aux producteurs un accès inédit à une alternative durable et locale.

Du constat à l’action

De 2021 à 2023, les producteurs ont été sensibilisés sur les effets néfastes des engrais chimiques de synthèse, responsables de la dégradation des terres et de pollutions, mais aussi sur l’intérêt des fumures organiques, purins et extraits de plantes. Réceptifs, ils ont exprimé des inquiétudes majeures : comment obtenir ces biofertilisants en quantité suffisante dans leurs préfectures ? Et comment les utiliser correctement ? C’est pour répondre à ces besoins que le projet DIOAT a été initié dans quatre régions du pays, afin d’installer des dispositifs locaux de production et de former directement les communautés rurales.

Un processus construit étape par étape

La mise en œuvre s’est appuyée sur cinq grandes étapes. D’abord, l’achat et l’installation d’équipements et matériels de production dans chaque centre régional. Ensuite, la formation de huit formateurs sur l’usage de ces équipements, suivie de la formation de 400 producteurs, répartis en 16 sessions pratiques. Une phase de production a ensuite permis la mise sur le marché communautaire de biofertilisants à bas coût, accompagnée d’actions de communication, notamment 28 émissions radio et 4 000 flyers. Enfin, un dispositif de suivi-évaluation a permis d’ajuster les activités et de capitaliser les acquis pour renforcer l’efficacité du projet.

Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités

Les réalisations sont concrètes : installation d’équipements modernes (composteurs modélisés, biodigesteurs, broyeurs, thermosoudeuses), formation de 400 producteurs et production effective de 400 tonnes de biofertilisants. Les outils pédagogiques comme les boîtes à images et manuels de formation ont renforcé les capacités locales, tandis que 160 jeunes ont été spécifiquement formés et sensibilisés. Les producteurs adoptent désormais le compost et sollicitent activement techniciens et centres pour conseils et approvisionnement. Dans les centres porteurs, la production et la vente de biofertilisants génèrent de nouvelles activités économiques et attirent de nouveaux partenariats, notamment avec des ONG, des entreprises et l’Institut Togolais de Recherche Agronomique.

Leçons et conseils

Cette initiative a permis d’élaborer des outils de formation, d’acquérir une expérience solide dans la production et l’application de compost de qualité, et de développer une innovation technologique combinant composteur modélisé et biodigesteur. Elle confirme que les producteurs sont prêts pour la transition agroécologique dès lors que les solutions sont disponibles à bas coût et en quantité. Toutefois, des défis persistent : l’approvisionnement régulier en matières premières animales, la pénibilité du travail de compostage qui nécessite une mécanisation, et le besoin permanent de formation et de sensibilisation. Pour réussir, il importe donc de sécuriser l’accès aux intrants organiques, de mécaniser certaines étapes pour faciliter l’adoption et d’assurer un accompagnement continu des producteurs dans la valorisation du compost.