Le Master Agroécologie et Systèmes Alimentaires Durables (ASAD), lancé en février 2024 à l’Université du Sine Saloum El Hadj Ibrahima NIASS (USSEIN) avec l’Institut Agro et ses partenaires, s’inscrit dans le projet PeA PETTAL financé par l’AFD pour quatre ans. Conçu comme une formation interdisciplinaire, il vise à former une nouvelle génération d’experts capables de transformer les défis agricoles et de développement en opportunités durables, en s’appuyant sur une analyse systémique et des outils de pointe. Porté par un consortium d’universités sénégalaises et françaises, de centres de recherche, d’ONG et d’organisations paysannes, il a déjà enrôlé 75 étudiants dont 48% de femmes et permis la création de capsules vidéo et de projets tutorés co-construits avec des professionnels.
Du constat à l’action
En dépit d’investissements importants, l’offre de formation en agroécologie et alimentation durable restait insuffisante au Sénégal, avec de faibles taux d’insertion des diplômés et une absence de formation adaptée aux besoins des territoires. Face à ce déficit, le Master ASAD a été mis en place pour répondre à des défis tels que le renforcement du partenariat entre université, recherche et monde socio-économique, la formation pour l’alimentation durable, l’amélioration de l’employabilité et la diversification de l’offre éducative. Le lien avec des projets de recherche et l’implication de chercheurs et partenaires professionnels dans les enseignements ont renforcé les collaborations recherche-formation en agroécologie.
Un processus construit étape par étape
Le dispositif a débuté par des missions de benchmarking et des ateliers de co-construction impliquant chercheurs, enseignants et acteurs socio-économiques. En première année, les étudiants travaillent en équipe sur des projets tutorés encadrés par des professionnels, produisant diagnostics, recommandations et prototypes de solutions. Des stages collectifs complètent l’approche, comme celui mené à Fatick autour des produits d’intérêt territorial identifiés par les communautés. Ce stage a permis une immersion en milieu réel et s’est achevé par une restitution devant autorités locales, ONG, chercheurs et acteurs professionnels, garantissant un ancrage territorial fort et une interaction directe avec les bénéficiaires.
Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités
Depuis son lancement en février 2024, le Master a accueilli 75 étudiants, dont 48 % de femmes, avec des profils diversifiés. La co-construction entre formateurs et acteurs socio-économiques a permis de mettre en place un tronc commun et trois parcours spécialisés (Productions agricoles durables, Transformations alimentaires durables, Systèmes alimentaires durables) ainsi que la création de capsules vidéo intégrant les pratiques locales. L’intégration de professionnels à hauteur de 54% dans les enseignements et stages a enrichi les contenus. L’approche par compétences, renforcée par des stages et des projets territoriaux, a favorisé l’acquisition de savoirs transversaux et spécifiques, permettant à plusieurs étudiants d’obtenir des promesses d’insertion avant même la fin du cursus. Le Master a également permis de renforcer les liens entre l’université, la recherche, les collectivités territoriales et les organisations professionnelles. Les étudiants, impliqués dans la mise en place d’une ferme intégrée à l’USSEIN, créent aussi des groupements d’intérêt économique en agroécologie, contribuant à une dynamique d’innovation et d’auto-emploi.
Leçons et conseils
L’expérience a confirmé l’importance de mobiliser dès le départ un large écosystème d’acteurs pour garantir la pertinence de l’offre de formation. La co-construction avec toutes les parties prenantes est un gage d’appropriation et d’implication. Les projets tutorés et stages collectifs apparaissent comme des piliers essentiels pour développer des compétences transversales et spécifiques, renforçant l’employabilité. L’implication des collectivités territoriales dans les thématiques de formation favorise le lien entre université et territoire. Pour pérenniser l’expérience, il est recommandé de consolider la co-construction avec les partenaires, de développer des pédagogies basées sur des cas concrets et immersions, de renforcer la formation des enseignants en pédagogie numérique et d’impliquer les étudiants dans la gouvernance afin d’assurer l’amélioration continue du programme.