[Paroles d’actrice] Valoriser les innovations scientifiques pour réussir la transition agroécologique

Au Burkina Faso, Autre Terre a initié le programme GP-SAEP afin de répondre aux limites environnementales, sanitaires et économiques de l’agriculture conventionnelle. Face à l’usage intensif d’engrais chimiques qui appauvrit les sols et accroît la dépendance des producteurs, le projet s’appuie sur les solutions agroécologiques mises au point par la recherche scientifique nationale, comme le Bokashi, les microorganismes efficaces ou le compost bactéricide. En formant des relais de proximité et en déployant des formations en cascade via les Champs Écoles Paysans, le programme permet une appropriation réelle des pratiques et favorise l’autonomie des communautés rurales.

Du constat à l’action

Dans un contexte marqué par l’urgence d’un changement de paradigme, les acteurs du développement rural au Burkina Faso reconnaissent la nécessité de pratiques plus durables. Les engrais chimiques menacent la biodiversité et accroissent la dépendance des producteurs à des intrants coûteux et importés. En parallèle, la recherche nationale, portée notamment par l’IRSAT, a généré des biofertilisants efficaces et validés scientifiquement. Pourtant, ces innovations restaient encore peu vulgarisées ou mal maîtrisées par les petits producteurs. Face à cette double contrainte de dégradation des systèmes agricoles et de faible diffusion des résultats scientifiques, il est apparu essentiel d’adopter une stratégie de formation en cascade.

Un processus construit étape par étape

La démarche a consisté à renforcer les capacités des formateurs endogènes et des agents techniques communaux. Ces acteurs de proximité, mieux ancrés dans les communautés, sont les plus à même de transmettre les savoirs agroécologiques et d’accompagner les producteurs. La formation alterne apports scientifiques et mise en pratique à travers les Champs Écoles Paysans. Les participants apprennent à fabriquer et utiliser le Bokashi, les microorganismes efficaces et le compost bactéricide. Ce processus participatif et décentralisé permet de diffuser efficacement les pratiques issues de la recherche et de les ancrer durablement dans les territoires.

Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités

Le programme a déjà permis une appropriation concrète par les producteurs et la production locale de biofertilisants. Les formations en cascade assurent une diffusion plus large des savoirs agroécologiques, et les changements de pratiques commencent à s’observer sur le terrain. L’expérience illustre comment la recherche scientifique, combinée à une dynamique de transmission communautaire, peut renforcer la résilience climatique et contribuer à la sécurité alimentaire. Ce dispositif constitue une ressource exemplaire qui nourrit la réflexion sur les innovations en formation et met en valeur les apports des institutions nationales de recherche.

Leçons et conseils

Trois enseignements se dégagent de cette expérience.

  • Il est essentiel de s’appuyer sur la recherche locale afin de construire des contenus techniquement fiables, contextualisés et reproductibles.
  • La mobilisation des acteurs de proximité comme relais pédagogiques est incontournable pour assurer une diffusion efficace et durable des savoirs.
  • Enfin, il faut allier formation théorique et pratique afin de garantir une véritable mise en œuvre sur le terrain. L’alternance entre apports scientifiques, démonstrations et suivi post-formation favorise l’apprentissage par le faire et assure la réplicabilité des pratiques agroécologiques.