Depuis 2020, SENS Bénin développe dans le département du Zou un dispositif innovant d’accompagnement à la transition agroécologique : les Espaces Villageois d’Innovation Agricole (EVIA). En partenariat avec la Communauté des Communes du Zou, le département des Hauts-de-Seine et les agences territoriales de développement agricole, ces vitrines agroécologiques visent à co-construire et transmettre aux exploitations familiales agricoles des savoirs et pratiques de gestion durable des terres et d’adaptation au changement climatique, afin d’améliorer leur résilience économique et écologique.
Du constat à l’action
Au Bénin, les effets du changement climatique aggravent la baisse de fertilité des sols, fragilisant les exploitations familiales dont les rendements chutent (de 1 272 à 992 kg/ha de 2018 à 2022 pour le maïs MAEP). À cela s’ajoutent transhumance, rareté de main-d’œuvre, attaques de ravageurs et adventices, entraînant l’usage excessif de pesticides de synthèse. L’agroécologie, bien que prometteuse, reste peu adoptée faute de connaissances techniques et d’accompagnement adapté. Fort des expériences menées sur les Champs Écoles Paysans, SENS Bénin a conçu les EVIA comme de véritables vitrines agroécologiques et cadres d’échange, associant producteurs, collectivités et partenaires techniques autour de plans de transition co-construits.
Un processus construit étape par étape
Les EVIA combinent quatre volets. Le premier est la sensibilisation sur les enjeux climatiques et la gestion durable des exploitations, réalisée grâce aux tricycles, aux journées portes ouvertes et aux visites d’échanges. Le deuxième volet concerne la formation, avec un parcours dédié à la Transition Agro-Écologique (TAE) sur site et des échanges d’expériences entre producteurs. Le troisième volet est l’accompagnement personnalisé, qui comprend le diagnostic, l’élaboration d’un plan de transition, le suivi, le coaching de proximité et la facilitation d’accès aux intrants agroécologiques. Enfin, le quatrième volet porte sur la recherche-développement, avec des démonstrations et des expérimentations de pratiques sur les EVIA et directement chez les producteurs. Chaque action s’inscrit dans une logique de co-construction et d’adaptation aux réalités locales.
Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités
Depuis le lancement, 6 028 personnes ont été sensibilisées au changement climatique et à l’agroécologie, et 1 418 producteurs formés aux itinéraires techniques durables. Vingt exploitations familiales sont engagées dans une transition agroécologique concrète, et trois producteurs ont été récompensés pour leur engagement exemplaire. Trois EVIA opérationnels servent de centres de formation et de vitrines territoriales. Des outils adaptés vidéos pédagogiques, fiches techniques imagées, tricycle de projection ont renforcé l’efficacité du dispositif. Les exploitations accompagnées disposent désormais de plans de transition facilitant la mise en œuvre de leur vision à moyen et long terme, tandis que l’adoption progressive de pratiques telles que l’embocagement, l’agroforesterie ou l’utilisation de plantes améliorantes gagne du terrain.
Leçons et conseils
L’expérience EVIA confirme l’efficacité de cette approche comme outil d’accompagnement à la transition agroécologique, à condition de mobiliser des ressources financières et humaines suffisantes et d’hybrider le modèle économique pour assurer sa pérennité. Un lieu de référence en accès libre facilite l’apprentissage et la transmission des connaissances. Les initiatives co-construites avec les acteurs locaux sont les plus durables, mais sans dynamique économique autour des intrants et produits agroécologiques, la transition reste incomplète. Pour reproduire ce modèle, il est recommandé d’impliquer les bénéficiaires et collectivités dès la conception, de sécuriser le foncier, de garantir l’accès permanent à l’eau et de mobiliser une équipe technique dédiée à la gestion du site.