Depuis octobre 2024, en Casamance et dans le delta du Saloum au Sénégal, une initiative portée par l’école de leadership environnemental féminin du projet Natur’ELLES – financé par AMC et mis en œuvre en partenariat avec REFEPAS, Nébéday, l’UICN, CAREM, CASADES et les collectivités locales – valorise les savoirs endogènes pour renforcer les capacités des femmes rurales. Elle mobilise aussi le ministère de l’Environnement et les services forestiers. L’objectif est clair : positionner les femmes rurales comme actrices centrales de la transition écologique et sociale, en renforçant leurs capacités de leadership, en valorisant leurs savoirs territoriaux et en développant des solutions énergétiques sobres et reproductibles, fondées sur la nature et sur la justice de genre.
Du constat à l’action
Dans ces zones rurales, les femmes sont en première ligne d’une crise énergétique marquée par la forte dépendance au bois, la déforestation et une charge domestique invisible. Exposées à l’insécurité, aux risques sanitaires et à l’épuisement des ressources, elles disposent de peu d’alternatives. Face à ce constat, le projet a initié la mise en place d’une école de leadership environnemental féminin, qui va au-delà du renforcement technique : elle développe les compétences interpersonnelles, les capacités de communication stratégique et les aptitudes au plaidoyer des femmes leaders. Le projet déploie aussi une formation innovante axée sur les solutions fondées sur la nature (épis maltais), les foyers améliorés, le biocharbon. Cette démarche vise à renforcer l’autonomie des femmes, en combinant justice de genre, résilience territoriale et transition écologique juste.
Un processus construit étape par étape
L’initiative a déployé un cycle de formations pratiques destiné à des femmes rurales sélectionnées. Il a combiné trois modules pratiques : la production de biocharbon à partir de résidus agricoles, le biogaz domestique via la méthanisation de déchets organiques, et la conception des foyers améliorés en argile. La démarche associe transfert de compétences techniques, ateliers de fabrication, sessions de leadership et valorisation des savoirs locaux. Les formatrices issues du programme Natur’ELLES et les organisations partenaires ont assuré un ancrage territorial fort. Enfin, un dispositif de suivi communautaire a été mis en place pour accompagner l’appropriation, la reproduction et la diffusion des solutions.
Des résultats qui transforment les pratiques et les mentalités
À ce jour, 60 femmes ont été formées renforçant leur expertise et leur leadership local. 52 femmes sont formées sur les Sfn et 166 sur les foyers améliorés et l’écocharbon réduisant la consommation de bois et améliorant la santé domestique. Elles sont devenues des ambassadrices de la préservation et de la restauration des écosystèmes en Casamance et dans le delta du Saloum.
L’initiative a permis de transformer les contenus pédagogiques en intégrant les savoirs endogènes et l’approche participative. Sur le plan socio-économique, certaines femmes développent des activités génératrices de revenus autour de la production et de la commercialisation des foyers améliorés. L’initiative a permis une participation accrue et de qualité des femmes dans les Comités de gestion des Aires Marines Protégées et APAC. La présence des femmes dans les 10 CG des AMP/APAC s’est fortement intensifiée : elles sont passées de 15 (avant le projet) à 45, grâce au projet et à l’école de leadership.
Leçons et conseils
Cette expérience confirme que la transition écologique ne peut être efficace et juste qu’en plaçant les femmes au centre des processus, en valorisant leurs savoirs locaux et en combinant innovation technique et leadership communautaire. Elle souligne l’importance de l’ancrage territorial de la pédagogie intégrée alliant savoirs techniques et leadership, et d’un accompagnement post-formation structuré et flexible. L’appropriation durable repose sur la maîtrise technique mais aussi sur la construction de capacités de leadership transformateur.
